Un vent de nouveautéLe retour des voiliers-cargos
La navigation commerciale est responsable de 2% des émissions de CO2. C’est pourquoi les compagnies maritimes soucieuses de l’environnement cherchent des alternatives. Elles ont trouvé des solutions dans l’histoire du transport maritime et construisent de nouveaux navires.
Lorsque les navires ont été équipés des premières machines à vapeur, il y a 200 ans, cela a marqué le début de la fin de l’acheminement à la voile des marchandises: les nouveaux bateaux ne dépendaient plus du vent et pouvaient dès lors être plus imposants – les derniers porte-conteneurs transportent aujourd’hui plus de 20’000 conteneurs et près de 200’000 tonnes de marchandise.
Ces derniers sont cependant peu écologiques. Ils fonctionnent au pétrole brut. Si bien que la navigation commerciale est désormais responsable de 7% des émissions de dioxyde de soufre dans le monde, de 12% de celles d’oxyde d’azote et de 2% de celles de CO₂.
Plusieurs compagnies maritimes se sont donc tournées vers le passé pour donner un nouveau souffle au transport par voiliers-cargos.
Donner l’exemple
Parmi les pionniers, on trouve trois amis qui, en 2007, ont restauré durant deux ans un brigantin de 1943. Il navigue pour la société Fairtransport.eu sous le nom de «Tres Hombres», transportant à la voile jusqu’à 40 tonnes de denrées, comme du cacao, du café, du rhum ou du miel.
Autre exemple emblématique: la société française Trans Oceanic Wind Transportation (TWOT), qui dispose de cinq cargos en activité. Sa goélette «Avontuur», construite en 1920, est la plus connue. D’une longueur de 44 mètres et d’une capacité de 70 tonnes, ce deux-mâts était considéré comme l’un des derniers cargos du XXe siècle, avant de devenir une attraction touristique.
Les marchandises transportées par TOWT sont labellisées «Anemos» et peuvent notamment être achetées dans les supermarchés et magasins d’alimentation biologique français. Cependant, selon le site Segelreporter.com, les voyages ne sont pas encore rentables. Il s’agit donc, avant tout, de montrer l’exemple. Et c’est probablement la raison pour laquelle la plupart de ses embarcations de fret acceptent à bord, en plus des cargaisons, des touristes qui paient leur cabine.
Des cargos flambant neufs en construction
L’absence (pour l’instant) de profit n’empêche toutefois pas les compagnies maritimes d’imaginer de nouveaux voiliers. L’organisation Sailcargo Inc. construit notamment au Costa Rica un navire nommé «Ceiba». En plus du vent, il est alimenté par un moteur électrique qui fonctionne à énergie renouvelable. Le «Ceiba» possède une capacité de 250 tonnes et devrait être mis en service dès 2022.
Le projet «WASP», que l’on doit au constructeur de bateaux de luxe Dykstra, offre, quant à lui, un aperçu de l’avenir: ce cargo de 138 mètres de long arbore quatre voiles qui permettent de soutenir sa motorisation. Ses mâts servent également de grues pour le chargement et le déchargement. Et pour tirer le meilleur parti du vent, le navire est équipé de programmes de routage météorologique intelligents.
Mais le projet le plus futuriste est certainement l’«Oceanbird», de la société suédoise Wallenius Marine. Le navire a pour voiles cinq grandes ailes rigides qui peuvent se rétracter comme des télescopes, ce qui lui permet de passer sous les ponts. Conçu pour transporter 7000 voitures, il s’agit probablement du plus grand voilier-cargo actuel.
Bref, le vent tourne, et la navigation durable en voilier-cargo devrait bénéficier de ce nouveau souffle.