Etudiants et apprentis réunis autour de l'archéologie expérimentale

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Genève«Le rêve serait de construire une ville romaine entière»

Des étudiantes en sciences de l’Antiquité et des apprentis maçons ont participé à une formation d’archéologie expérimentale. Objectif à terme: ériger une ville, qui deviendrait ensuite une attraction.

Pendant une semaine, des étudiantes de l’Unige ont été formées aux techniques modernes de la maçonnerie, aidées d’une quinzaine d’apprentis maçons.
Les participants à cette formation atypique ont bâti des arches en briques inspirées des voûtes romaines.
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Pendant une semaine, des étudiantes de l’Unige ont été formées aux techniques modernes de la maçonnerie, aidées d’une quinzaine d’apprentis maçons.

Laboratorium Romanum

«Mieux comprendre le passé en le recréant soi-même», c’est le concept de l’archéologie expérimentale. Une méthode atypique à laquelle se sont essayés cinq étudiantes en sciences de l’Antiquité à l’Université de Genève (Unige) et seize apprentis maçons de l’Institut de formation de la construction (IFC). Mi-janvier, durant une semaine, les participants ont bâti des arches en briques inspirées des voûtes romaines. Objectif: mieux appréhender l’architecture de l’époque en confrontant ses techniques à celles de la maçonnerie moderne. 

Lancé sous le nom Laboratorium Romanum, ce programme hors cursus a débuté en novembre dernier avec une première étape, durant laquelle des étudiantes se sont familiarisées avec l’arpentage romain, soit la mesure de la superficie d’un terrain en vue d’une construction. Le second volet a, lui, permis de poser la première pierre d’un projet d’envergure. Car à terme, «le rêve serait de construire une ville romaine entière, confie Julien Beck, chargé de cours en archéologie classique à l’Unige. L’idée, encore en gestation, serait de créer un laboratoire géant destiné à la recherche et à la formation, mais qui accueillerait aussi des visiteurs.» 

Un projet en gestation

«Imaginez un lieu, en Suisse romande, où année après année, on construirait une ville à la manière des Romains. Elle deviendrait une attraction, à l’image du château fort de Guédelon créé de toutes pièces en Bourgogne», décrit Julien Beck. Pour cela, «il faudra trouver un grand terrain», explique le chercheur, qui pense à Genève, mais pas que… «Ça peut aussi se faire dans les cantons de Vaud ou de Fribourg. Tout est possible!»

Il faudra également trouver le financement, car «l’archéologie expérimentale est encore rare en Suisse.» Alors que des discussions sont en cours avec d’autres institutions, telles que l’Université de Lausanne, seule chose de sûre pour l’heure: «nous allons remettre ça durant les beaux jours». Ainsi, une troisième étape est prévue à Pâques, dans «un petit terrain au Jardin des Nations».

Une démarche scientifique et pédagogique

Une démarche inédite qui offre de nombreux avantages. «En construisant soi-même, en retrouvant des gestes anciens et les matières premières d’antan, on peut découvrir des choses auxquelles on n’avait pas pensé. Il y a un vrai intérêt scientifique», explique ce passionné, à l’origine du projet pédagogique. L’aspect formateur est également essentiel. «Nos étudiants ont peu l’habitude de se salir les mains. C’est une bonne chose qu’ils puissent pratiquer.» Enfin, grâce au caractère «vivant et plus concret des constructions, cela permet de sensibiliser le public».

«Un magnifique échange»

Autre aspect novateur de l’expérience: la collaboration entre étudiantes à l’université et apprentis maçons. «C’était un magnifique échange. Nous avons eu des retours très positifs de la part des participants, qui ont demandé si le projet pouvait être reconduit», se réjouit Christine Dussud. Pour la coordinatrice pédagogique de l’IFC, cette rencontre a permis de valoriser «un métier manuel qui souffre parfois de représentations sociales négatives».

Shirine, étudiante à l’Unige confirme que cette formation a changé sa façon de voir les choses. «J’avais l’impression que la maçonnerie était très physique, mais j’ai réalisé que c’est aussi technique. Il faut faire des calculs, être précis, vérifier que les briques sont bien positionnées.» La jeune femme garde un souvenir heureux de ces quelques jours de partage. «C’est plutôt rare de voir ces deux milieux se côtoyer. J’ai trouvé très enrichissant de sortir du prisme universitaire. On apprend énormément des personnes qui ne sont pas dans la même filière. C’était très chouette.» 

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