Le Valais dévasté par l'orageSituation sous contrôle, mais le retour à la normale prendra du temps
Des centaines de personnes ont été évacuées dans la nuit de samedi à dimanche, les routes et le rail ont été coupés, dans un canton dévasté par les coulées de boue et inondations. La décrue est amorcée, mais l'ampleur des dégâts est importante et durable.
Alors qu'une importante série d'orages a balayé le pays dans la nuit de samedi à dimanche, ce sont les régions alpines qui ont été le plus touchées par les importantes quantités d'eau qui se sont abattues. Outre le Tessin, où trois personnes ont perdu la vie et une quatrième est toujours recherchée après un glissement de terrain, le Valais fait face à d'importantes conséquences de la crue du Rhône. Une personne a perdu la vie à Saas-Grund, surprise par la montée des eaux et des gravats dans sa chambre d'hôtel, et une autre est possiblement portée disparue, également en Haut Valais dans la région de Binn.
Le pic de la crise est passé dans le Haut-Valais, laissant sur son passage des vallées latérales pour certaines dévastées. Les régions de Saas-Grund, Zermatt et la vallée de Conches sont les plus touchées, notamment par des coulées de boue, tandis que la plaine du Rhône a toujours les pieds dans l'eau. Des centaines de personnes ont dû être évacuées, notamment dans la région de Chippis qui baigne toujours dans 1,50 m à 2 m d'eau, indique la Police cantonale.
Rail et routes (cantonale et autoroute) sont coupés entre Sion et Sierre, et la jonction de cette dernière ne rouvrira pas avant mardi matin. Les CFF annoncent une reprise progressive au cours de la soirée de dimanche. Les cols du Nufenen, de la Furka et du Simplon sont fermés, et ce dernier ne pourra pas rouvrir avant plusieurs jours en raison des quantités de gravats qui ont recouvert la route. Les dégâts totaux, entre le déluge du week-end dernier et celui de cette semaine, se montent entre 15 et 20 millions de francs, estime le canton.
«Nous espérons que les digues vont tenir»
«Tous les moyens disponibles, publics et privés, sont engagés», résume la Police cantonale valaisanne. Pour faire face aux inondations aux abords du Rhône ainsi qu'aux nombreuses conséquences des pluies dans les vallées latérales, comme des laves torrentielles et coulées de boues, tout le monde est sur le pont: on compte pas moins de 700 sapeurs-pompiers issus de 35 corps différents, et 200 astreints à la Protection civile, sans compter les services techniques de tout le canton. «Mais nous savons déjà que ça ne va pas suffire. L'armée a été appelée à l'aide.» Cette dernière doit cependant se diviser entre le Valais et le Tessin, lui aussi ravagé par l'orage.
Les cantons de Vaud, Genève, Neuchâtel et Fribourg ont par ailleurs envoyé des renforts. Il faut notamment relayer les équipes à pied d'oeuvre depuis la nuit, mais aussi déjà sollicités depuis la semaine dernière.
Et si le pic est passé dans le Haut-Valais, c'est en aval, dans le Bas-Valais, que l'attention s'est déportée. «Ce n'est pas fini, nous espérons que les digues vont tenir», indiquait la gendarmerie en milieu d'après-midi. La police vaudoise a lancé un ordre d'évacuation de la zone industrielle d'Aigle et de la route attenante. L'accès à la zone a pu être rouvert en début de soirée.
Pourquoi une telle situation?
Si l'orage a été intense, l'explication de ces débordements est à trouver dans un contexte plus large, rappelle Raphaël Mayoraz, chef du service valaisan des dangers naturels. En plus de la période de la fonte des neiges qui se poursuit après un hiver riche en précipitations neigeuses, le week-end dernier, des intempéries ont déjà fortement perturbé la région, notamment à Zermatt. «Les cours d'eau étaient déjà très gonflés avant l'orage, et les sols saturés en eau. De plus, l'orage a duré plus longtemps et été plus intense qu'attendu, ce qui, tout cumulé, explique cette montée de crue extraordinaire.»
Et de telles situations sont de plus en plus fréquentes. Le Canton signale quatre alertes crues sur ces sept derniers mois, «du jamais vu». Outre le Rhône, dont le projet de correction a subi un récent coup de frein qui interroge, «les cours d'eau latéraux doivent faire l'objet de notre attention», relève Raphaël Mayoraz. Un lien clair avec le dérèglement climatique est à noter, a relevé le Canton dimanche après-midi en conférence de presse.