«Le virus se propage via les clusters»

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Covid à Genève«Le virus se propage via les foyers de contamination»

Une plateforme participative, permettant de détecter précocement les clusters géographiques du Covid-19, a vu le jour vendredi.

par
Leïla Hussein/mpo

Les créateurs de la plateforme espèrent qu’au moins 10’000 personnes, voire plus, participeront à l’étude.

Service de médecine de premier recours HUG

«Un cas de Covid se transforme en un cluster, qui en grandissant en atteint un autre et fusionne avec. Résultat: tout Genève devient un cluster géant. C’est ainsi que le virus se propage», rapporte le prof. Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). C’est ce constat, réalisé en étudiant l’évolution de la pandémie au bout du lac, qui l’a poussé à créer l’outil de veille @choum. Développé en collaboration avec l’Université de Genève, l’École polytechnique de Lausanne et d’autres médecins-chercheurs des HUG, son objectif est de détecter de manière précoce la formation de foyers de contamination, afin de casser les chaînes de transmission.

Participation citoyenne nécessaire

Pour cela, la participation des citoyens, sur la base du volontariat, est indispensable, car «ils sont les seuls à pouvoir dire quand ils sont malades». En téléchargeant l’application CoronApp-HUG, qui héberge la plateforme, ils peuvent indiquer lorsqu’ils ont des symptômes. «Si plusieurs signalements sont faits dans un périmètre géographique et une période identiques, cela nous donne une première indication», explique le spécialiste.

Accessible depuis vendredi dernier, l’étude, entièrement financée par des fonds privés à hauteur de 200'000 francs, est «une approche différente, plus proactive. Lorsqu’on rapporte les cas positifs, on a déjà perdu dans la course au coronavirus», relève Idris Guessous, qui travaille sur le projet depuis mai 2020. Prochaine étape, faire en sorte «qu‘au moins 10'000 personnes prennent part à cette démarche, idéalement 50'000. Et si d’autres cantons sont intéressés par @choum, ce serait un grand succès.»

Données anonymes et confidentielles

«Suivre les mesures anti-covid n’est pas si simple, confie Idris Guessous. Notamment dans les quartiers précarisés, où les foyers de contamination persistent plus longtemps qu’ailleurs. Un des objectifs de @choum est d’aider à apporter un soutien logistique aux personnes concernées par les clusters.» Mais pour cela, il faut que la population adhère à ce nouvel outil qui s’adresse à toute personne majeure habitant ou travaillant à Genève. La participation est totalement anonyme – l’inscription ne nécessite d’entrer ni son nom ni son prénom – et sans géolocalisation. Les données sont sécurisées et les lieux de domicile et de travail sont géomasquées. «L’idée n’est pas de fliquer la population, bien au contraire. On veut lui permettre de participer à stopper la pandémie», précise le médecin-chef.

L’étude est disponible depuis vendredi. (Ici dans la garde du CEVA à Champel)

L’étude est disponible depuis vendredi. (Ici dans la garde du CEVA à Champel)

Sara Scheibler Bruchec SMPR/HUG

Complémentaire à Swisscovid

Selon le Prof. Guessous, @choum ne concurrence pas l’application Swisscovid destinée à identifier les contacts de cas Covid-19. La plateforme est complémentaire. «Swisscovid s’intéresse et informe sur les contacts avec des cas de Covid-19, analyse-t-il. Idriss Gessous explique que @choum vient en «amont, de manière précoce, au niveau des symptômes.» Lancée en juin 2020, Swisscovid, développée par les écoles polytechniques, a été téléchargée par quelque 2,95 millions de personnes. Au 14 février, elle était activée sur 1,77 million de téléphones.

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