Panzootie: L’épidémie de grippe aviaire menace-t-elle les humains?

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PanzootieL’épidémie de grippe aviaire menace-t-elle les humains?

Des millions d’oiseaux en Europe et en Amérique ont dû être abattus à cause de la grippe aviaire. Or, il est préoccupant de la voir déjà s’étendre à certains mammifères.

Des millions de volatiles ont dû être abattus, tant eu Europe qu’en Amérique.

Des millions de volatiles ont dû être abattus, tant eu Europe qu’en Amérique.

AFP

Depuis la fin 2021, l’Europe est frappée par la grippe aviaire la plus dévastatrice de son histoire. La maladie, qui frappe oiseaux sauvages comme domestiques, a conduit à abattre plus de cinquante millions de volailles. L’épidémie, provoquée par le virus H5N1, s’étend aussi en Amérique, au Nord comme au Sud, avec des dizaines de millions d’oiseaux abattus. La Suisse, quant à elle, a pris des mesures de prévention.

C’est une «panzootie», résume le virologue Tom Peacock. En d’autres termes, une épidémie qui frappe les animaux du monde entier. Mais peut-elle s’étendre à d’autres animaux ? Et, trois ans après l’apparition du Covid-19, peut-elle provoquer une nouvelle pandémie chez les humains ?

Infection d’autres animaux

Pour les mammifères – y compris les humains –, des exemples isolés de transmission existent déjà. Chez les animaux, plusieurs renards et loutres britanniques ont été testés positifs l’an dernier au H5N1, le virus à l’origine de l’épidémie actuelle. En France, un chat en est mort fin janvier. Dans plusieurs de ces cas, le virus impliqué portait une mutation spécifique, dite PB2. Elle permet, a priori, au virus de mieux se répliquer chez les mammifères.

Pour autant, ces exemples ne suffisent pas à s’inquiéter d’une diffusion massive chez d’autres animaux que les oiseaux. A chaque fois, il semble que l’animal s’est infecté en mangeant un oiseau, et non en étant contaminé par un autre mammifère.

Or, s’il «n’y a pas de transmission entre des mammifères, le risque demeure faible pour les humains», relève l’infectiologue Paul Wigley auprès du Science Media Center britannique. Tom Peacock, lui, rappelle qu’il faudrait bien d’autres mutations que PB2 pour envisager une transmission massive à l’humain.

Quelques cas humains

Les cas humains d’infection à H5N1 existent, certes, mais restent marginaux: l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en a recensé un peu moins de 900 depuis 20 ans. Dernièrement, un cas de grippe aviaire a été recensé chez une fillette en Equateur, mais il reste à avérer que c’est bien le virus H5N1 qui est concerné.

Ces éléments poussent donc les chercheurs à une relative sérénité quant à l’éventualité d’une pandémie de grippe aviaire chez les mammifères et, plus encore, chez l’humain. Toutefois, deux événements récents ont alimenté l’hypothèse qu’une souche de H5N1 pourrait devenir transmissible d’un mammifère à l’autre.

Deux infections inquiétantes

En Espagne, un élevage de 50’000 visons a dû être abattu après de multiples cas de grippe aviaire, les animaux présentant la fameuse mutation PB2. En Russie, des phoques ont été testés positifs à la maladie, après que 2500 d’entre eux ont été retrouvés morts près de la mer Caspienne. Dans les deux cas, on soupçonne que l’infection ait eu lieu entre les mammifères. Mais cette hypothèse reste à confirmer.

Pour l’heure, les experts appellent donc plutôt à éviter l’alarmisme, à l’instar de l’infectiologue David Heyman qui met en garde contre un effet d’optique: si l’on voit les cas s’accumuler chez les mammifères, c’est peut-être parce que l’on teste de plus en plus les animaux dans le contexte actuel. «Peut-être bien que ça durait depuis des années, sans qu’il se soit jamais rien produit de notable», avance-t-il.

Et, quand bien même, une souche se mettrait à circuler entre humains, il sera probablement facile de lui adapter les vaccins actuels contre la grippe, estime-t-il, soulignant que H5N1 a été étudié avec beaucoup d’attention depuis son apparition en Chine et à Hong Kong dans les années 1990.

(AFP)

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