Les e-véhicules menacent les stations-service

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SuisseLes e-véhicules menacent les stations-service

Selon une étude, la consommation de carburant en Suisse pourrait baisser de deux tiers d’ici 2035 en raison du développement de la mobilité électrique.

Pour survivre face au développement de la mobilité électrique, les stations-service ne pourront plus miser sur la vente de carburant fossile.

Pour survivre face au développement de la mobilité électrique, les stations-service ne pourront plus miser sur la vente de carburant fossile.

AFP

Réduction d’un tiers de la consommation de carburant et perte de la moitié des profits liés à la vente de carburant, avec le risque de ne plus être rentable faute de volume suffisant. Voici la situation à laquelle pourraient se retrouver confrontées les stations-service en Suisse d’ici 2035, affirme une étude. En cause: le développement de la mobilité zéro carbone – principalement électrique.

Le secteur des transports représente environ un tiers des émissions de CO2 en Suisse. Pour accélérer la décarbonation de ce secteur, la réglementation se durcit à l’égard des véhicules thermiques: limitation des émissions de CO2 des véhicules neufs ou encore mise en place de zones à faible émission. Ces exigences vont transformer le parc automobile dans les prochaines décennies, entraînant une baisse importante des ventes de carburants fossiles.

Rendement négatif

D’après des estimations de Colombus Consulting, les stations-service sans shop pourraient voir leurs profits diminuer de 62% dès 2030, et atteindre un rendement négatif à l’horizon 2050. «Contrairement aux stations-service sur autoroutes, elles ne sont pas essentielles au développement de la mobilité électrique et sont en concurrence avec les stations-service avec shop, avec la recharge à domicile, sur le lieu de travail ou sur les bornes qui se développent en voirie. Leur nombre devrait donc continuer de diminuer dans les prochaines années», explique François Hémono, consultant senior Énergie pour le cabinet.

Certaines stations-service en zone rurale sont déjà en difficulté financière en raison des faibles volumes de carburants vendus. Ce service de proximité est pourtant indispensable à la mobilité des habitants dépendants de leurs véhicules. Dans ce contexte, la qualité de service pourrait se dégrader dans les zones les plus isolées, note l’étude.

Trouver de nouveaux leviers pour les shops

La réduction de la demande en carburant devrait entraîner une réduction du nombre de passages en station-service avec shop, pouvant aller jusqu’à -48% d’ici 2035. L’émergence de zones à faible émission dans certaines villes, comme Genève, couplée à une baisse du nombre de passages pour faire le plein de carburant obligeront les stations à trouver de nouveaux leviers pour attirer leur clientèle: distribution de sources d’énergie décarbonées, adaptation aux populations ayant un besoin régulier de recharge (taxis, véhicules d’entreprise) ou engagement dans d’autres formes de mobilité (stations d’autopartage, hubs de vélos électriques).

Perspectives d’évolution du nombre de passages en station-service avec shop par an pour les carburants conventionnels.

Perspectives d’évolution du nombre de passages en station-service avec shop par an pour les carburants conventionnels.

Colombus Consulting

Sur les autoroutes, l’implantation de bornes de recharges électriques et la diversification des services seront essentielles pour maintenir la rentabilité des stations. Le besoin sera supérieur à celui de pompes à essence, et devra être en mesure d’absorber le flux de voyageurs, notamment au moment des départs en vacances.

Décentralisation des lieux où faire le plein

La diversification des lieux de recharge énergétique va entraîner une mutation des lieux de ravitaillement traditionnels. La recharge des véhicules électriques nécessitant 6 fois plus de temps (sur une borne 50 kW), les lieux de recharge vont évoluer pour investir en priorité les emplacements de stationnement de plus longue durée (lieux de vie et de loisirs, lieux touristiques, etc.), prévoit l’étude.

«D’après nos estimations, le territoire devrait tendre vers une décentralisation et une meilleure répartition des réseaux de recharge sur le territoire. Des expérimentations sur de nouveaux modes de recharge sont également en cours: remorques de recharge, recharge par induction, etc.», conclut Jean Meneveau, directeur associé chez Colombus Consulting.

(comm/egr)

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