VaudLes élèves feront du sport dans une «salle de fitness»
Alors que le Conseil d’État est sommé de garantir trois heures hebdomadaires d’activité physique, le gymnase de Bussigny, qui va ouvrir en août, ne disposera pas d’une véritable salle de gym. Un cas symptomatique du manque d’infrastructures dans le canton.

Les autorités assurent que l’équipement de cette salle sera polyvalent.
Getty Images/iStock«Il manque 30 salles de sport. En conséquence, le Canton de Vaud ne respecte pas les exigences fédérales et cantonales en matière d’éducation physique, soit trois heures de sport par semaine» pour les écoliers, étudiants et apprentis. Le constat répété par Sergei Aschwanden n’est pas nouveau, mais l’État de Vaud doit désormais rapidement passer à l’action. Le Grand Conseil a en effet accepté mardi une motion du député PLR, qui demande non seulement de présenter un plan de mise en place et de rattrapage en équipements sportifs, mais aussi de délier les cordons de la bourse pour financer des activités physiques là où il en manque.
C’est dans ce contexte politique tendu que le Canton va ouvrir un gymnase à Bussigny à la rentrée d’août, dans une partie des locaux du centre administratif Business Village. La surface d’environ 9000 m2, louée pour une durée de dix ans, accueillera dans un premier temps environ 360 élèves, pour une quinzaine de classes. À l’origine, aucune salle de gym n’était prévue mais les députés en ont exigé une lorsqu’ils ont validé le crédit pour aménager l’établissement, en septembre 2020.
Salle de fitness et jeux de plein air
Une solution a été trouvée avec une «salle de fitness». Ainsi nommée car ses dimensions ne correspondent pas à une salle de sport. De ce fait, les futurs élèves doivent-ils s’attendre à pratiquer du sport sur des appareils de musculation? «Cet espace pourra certes accueillir des machines mobiles d’entraînement, stockées dans un local jouxtant la salle, mais également d’autres activités sportives, diverses et variées en fonction des lieux, selon le programme établi par les maîtres et maîtresses de sport le moment venu», explique Lionel Éperon. Le directeur général de l’enseignement postobligatoire du canton de Vaud assure que les trois périodes hebdomadaires de sport seront respectées pour 2021-2022, sur la base d’activités en intérieur et en extérieur, notamment dans la zone de détente et de loisirs de La Plannaz.
«Sparadrap sur une jambe de bois»
Mais à la rentrée 2022, ce sont près de 800 élèves qui seront scolarisés au gymnase de Bussigny. La capacité de la salle de fitness deviendra donc insuffisante. Lionel Éperon reste confiant: «D’autres installations sportives sont à l’étude: un terrain adjacent au bâtiment loué pourrait accueillir des salles de sport à proximité immédiate de l’établissement. Le Canton est aussi en contact avec les autorités communales pour définir les conditions d’utilisation d’infrastructures sportives complémentaires.»
Mais, à ce jour, il ne s’agit que de scénarios. «Alors qu’on a déjà validé une infrastructure, c’est aujourd’hui compliqué et coûteux de trouver un terrain ou le solde des installations manquantes. C’est mettre un sparadrap sur une jambe de bois», analyse Sergei Aschwanden. L’ancien judoka se souvient que, lors des premières réflexions pour transformer le Business Village en gymnase, la question de construire une salle de sport ne s’était pas posée. «Ce n’était pas une priorité. Une salle double, au minimum, c’est ce qu’on devrait avoir pour pouvoir répondre aux normes fédérales et cantonales en termes d’éducation physique.»
Des solutions en fonction des possibilités
La croissance démographique du canton, associée aux choix d’orientation des jeunes au sortir de l’école obligatoire, a entraîné une augmentation du nombre d’élèves dans les gymnases vaudois de près de 24% depuis 2012, selon les chiffres publiés par le Conseil d’État en juillet 2020. Pour les autorités, la location des locaux déjà équipés s’impose comme la réponse la plus rapide à mettre en œuvre. «Des solutions sont étudiées en fonction des possibilités des écoles, comme la création des salles de sport nécessaires pour répondre aux exigences légales lors de toute nouvelle construction dont l’État est propriétaire. Ainsi, la planification des futurs gymnases d’Aigle et d’Échallens, tout comme les futures écoles professionnelles à Payerne et Yverdon, prévoit systématiquement la création de trois salles de sport, soit douze salles supplémentaires à l’horizon 2025-2030», affirme Lionel Éperon.