Feux d’artifice: les habitants de Thônex sont à bout

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GENèVE«Les feux d’artifice sont tirés sur nos fenêtres»

Les habitants de Thônex sont excédés par le bruit et craignent pour leur sécurité. La commune se dit consciente du problème et met en place des mesures répressives et préventives.

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«La première fois, j’ai cru qu’il y avait la guerre en bas de chez moi», lance Cathy*. Habitant autour de la place Graveson à Thônex, la jeune femme de 28 ans est à bout de nerfs. Pour cause, depuis des semaines, des jeunes tirent régulièrement des feux d’artifice au pied de son immeuble. Comme en témoignent les vidéos et photos transmises par plusieurs habitants, les tirs réveillent et illuminent tout le quartier «C’était d’abord entre les bâtiments, puis de plus en plus proche des façades. Les détonations font énormément de bruit et j’ai peur qu’un jour une fusée passe à travers ma fenêtre. Je n’ose même plus sortir sur mon balcon. Je ne peux définitivement plus vivre ici. Je résilie mon bail ce jour.» 

Même son de cloche de la part de Vincent*. «Le 117 croule sous nos appels. C’est simple, on n’a même plus besoin de donner notre adresse», explique-t-il, excédé. Selon lui, les tirs de feux d’artifice ont lieu en moyenne trois soirs par semaine. «Je ne dors plus, je n’en peux plus, je veux quitter le quartier.»

DR/20minutes

«Faut-il créer une milice de volontaires?»

En attendant de trouver un autre logement, Vincent ne cesse, avec quelques voisins, d’alerter les autorités. Par exemple via une pétition envoyée le 10 août par recommandé à la mairie. Signé par dix-sept personnes – «car les gens ont peur des représailles», estime-t-il– le texte interroge: «Comment dormir paisiblement? N’est-ce pas un besoin fondamental? Un droit?» Ou encore: «Faut-il créer une milice de volontaires et faire respecter la loi nous-mêmes?»

Certaines publications sur les réseaux sociaux laissent penser que des habitants tentent de faire taire les jeunes en leur lançant des œufs et des tomates pourries… «Ça va mal se finir…» s’inquiète Vincent. Et d’ajouter: «On ne sait plus quoi faire! Même la police municipale est démunie. Ils n’ont pas de moyens d’action.»

Rondes de nuit renforcées

La Municipalité assure avoir pleinement conscience du problème. «La place Graveson a toujours été compliquée à gérer, commente Bruno da Silva, conseiller administratif chargé de la Cohésion sociale. Les nuisances sont régulières, surtout l’été.» Secteur très urbanisé, très dense et accueillant une population jeune, le quartier ne possède ni bâtiment communal, ni maison de quartier qui servirait aux autorités de base pour une politique de proximité.

«On se penche sur cette problématique depuis longtemps, poursuit l’élu. Nous développons une réponse sur trois axes. Pour le volet répressif, notre seul moyen d’action, c’est la police municipale.» Les horaires de présence ont été étendus et les rondes renforcées. «Leur présence est dissuasive mais, nos agents ont des moyens limités. D’où notre appel à plus de sévérité de la part de la police cantonale et de la justice.» Contactée, la police n’a pas eu le temps pour le moment de nous répondre. 

Le deuxième axe concerne les propriétaires immobiliers et les régies. «On n’a pas d’emprise sur les occupations illicites des halls d’immeuble ou des parkings», souligne Bruno da Silva. Pour inciter les particuliers à faire un effort, la commune a lancé un prix récompensant les régies qui posent des digicodes et entretiennent les espaces communs. «Il y a encore une forte marge de progression.»

Un local pour les jeunes

Reste la prévention. «On ne peut pas tout miser sur la répression, insiste le magistrat. Aussi, nous avons loué un local à proximité de la place. Il sera dédié aux jeunes âgés de 12 à 15 ans. Et géré par la commune.» À l’image de l’espace BAT26 dans le quartier Curé-Desclouds. Le recrutement des éducateurs est en cours et l’inauguration des lieux devrait avoir lieu mi-septembre. «L’enjeu, c’est l’occupation de l’espace public. Il ne faut pas laisser le champ libre à ceux qui commettent des incivilités», détaille Bruno da Silva. Programme de cinéma en plein air, Fête de la musique ou animations sur la place, l’objectif de la commune est clair: «Rendre le quartier à ses habitants.» Et, du même coup, faire taire les feux d’artifice.

* Noms connus de la rédaction

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