Versoix (GE)Les forains se sentent à l'aise à la Bécassière
Les forains genevois ont attendu plus de quinze ans, mais la patience a payé: la nouvelle aire de la Bécassière à Versoix (GE) mise à leur disposition depuis le début de l'année remplit leurs attentes.
Rôdés aux perpétuels changements de décor, ils se sont aisément adaptés à ce nouveau site. «Voici la rangée de caravanes de la famille Bergdorf, là celle des Wetzel, plus loin celle des Walder, et ici c'est la nôtre», explique Nicolas Schauerjans, forain de 28 ans. Génération après génération, ces grandes familles de forains prennent la route pour poser leurs manèges dans les fêtes.
Les forains sont loin plusieurs mois par an, mais leur port d'attache reste Versoix, où les enfants ont grandi et fait leurs classes. Installés depuis 1966 au Molard dans la commune, ils y étaient à l'étroit et à la merci des crues de la rivière.
Le canton a mis plus de 12 millions de francs sur la table et beaucoup de persévérance pour les reloger. Le terrain goudronné de la Bécassière de plus de 53 '000 m2 à l'autre bout de Versoix les accueille depuis quelques mois. Avec une soixantaine de familles, la Bécassière des forains ressemble à un village où la solidarité prime, affirment les Schauerjans.
«Quelques erreurs de conception, notamment la pose d'un goudron pas assez résistant, auraient pu être évitées mais globalement nous sommes très satisfaits», explique Jean-Claude Schauerjans, 68 ans, père de Nicolas. Contrairement à son épouse, Jean-Claude Schauerjans n'a pas la nostalgie du Molard. Il apprécie les infrastructures modernes de la Bécassière.
Caravanes équipées
Mais l'aire de la Bécassière n'est pas un camping et encore moins une aire de stationnement. Les blocs sanitaires et la buanderie flambant neuve n'attirent pas la foule. Les caravanes des forains disposent de tout le confort: salle de bains, machine à laver, écran plat ou encore connexion wifi.
S'ils arrivent à vivre correctement de leur activité, les forains ne baignent pourtant pas dans le luxe. «On a des voitures puissantes, souvent de grosses Américaines, car c'est indispensable pour tracter notre matériel», justifie Jean-Claude Schauerjans pour tordre le cou à certains clichés.
Cohabitation
Les journées à la Bécassière s'étirent doucement sous le soleil brûlant du mois de juillet. Quelques enfants jouent entre les caravanes et autres véhicules, des odeurs de cuisine annoncent l'heure du repas de midi. Au loin, on aperçoit le Léman. Quelques hommes aux mains pleines de cambouis réparent les manèges.
Les forains ne sont pas les seuls habitants de la Bécassière. Comme au Molard, ils partagent le site avec les gens du voyage. «On vit ensemble, mais sans trop se mélanger», explique Jean-Claude Schauerjans. Quelques mariages rapprochent de temps à autre ces deux milieux.
Ceux du bas
Les esprits s'agitent dès que l'on parle des gens du voyage. La foraine Chantal Wetzel est claire: elle parle de «ceux du haut», pour qualifier les forains qui occupent la partie supérieure de la parcelle et de «ceux du bas» pour désigner les gens du voyage. Ces derniers occupent plutôt des petits chalets ou des bungalows. «On est différent de par nos professions», explique-t-elle.
«Les gens du voyage installés à Versoix sont des citoyens suisses qui n'ont rien à voir avec les gens du voyage étrangers de passage qui s'installent sauvagement dans des champs», s'énerve Nicolas Schauerjans. Ils travaillent comme brocanteurs ou chineurs et ont choisi un style de vie semi-nomade pour exercer leur profession.
L'aire de la Bécassière offre 51 emplacements pour les forains et 46 pour les gens du voyage. Le loyer se monte 285 francs par mois pour les forains et à 240 francs pour les gens du voyage. Un concierge s'occupe à mi-temps de l'entretien du site. (ats)