Les installations agri-photovoltaïques, une technologie en devenir?

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ÉnergieLes installations agri-photovoltaïques, une technologie en devenir?

À Gelfingen (LU), l’agriculteur bio Heinz Schmid combine avec succès la production de framboises et d’électricité solaire. Cette méthode d’agri-photovoltaïque se développe progressivement, et notamment aussi dans le cadre d’un projet autrichien.

Les modules de l’installation agri-photovoltaïque d’Insolight offrent aux framboises un ombrage uniforme de près de 50%.
Selon l’agriculteur bio Heinz Schmid, les framboises de son installation agri-photovoltaïque se seraient, jusqu’à présent, «développées normalement».
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Les modules de l’installation agri-photovoltaïque d’Insolight offrent aux framboises un ombrage uniforme de près de 50%.

Il y a dix ans, l’agriculteur bio Heinz Schmid jouait déjà les pionniers en utilisant l’électricité solaire pour cultiver des baies. Début 2022, une enquête préliminaire a ensuite été déposée auprès du canton de Lucerne afin de développer trois sous-projets. Puis, en juillet 2022, le Conseil fédéral a créé la surprise en autorisant l’agri-photovoltaïque et en intégrant, à partir de 2023, cette possibilité dans la Loi sur l’aménagement du territoire et les constructions. Du courant a ainsi pu être injecté pour la première fois dès le milieu de l’année. L’installation d’Heinz Schmid est alors devenue la plus grande de Suisse à se retrouver au-dessus d’une surface de culture fruitière.

Comparaison de trois systèmes photovoltaïques

Dans son installation pilote agri-photovoltaïque de 7200 m², le producteur de baies biologiques peut compter sur une puissance totale de courant solaire de 500 kilowatts (kW). À titre comparatif, une installation solaire moyenne présente sur une maison individuelle atteint environ 10 kW. Au cours des trois prochaines années, trois systèmes agri-photovoltaïques différents seront étudiés, au-dessus d’une installation de framboises d’Agroscope, le centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole. L’accent sera mis sur les indicateurs de rendement, sur le poids des fruits et sur la qualité des framboises. Tous les partenaires du projet s’accordent en effet à dire que la production de framboises de haute qualité doit rester une priorité.

Afin de déterminer le système photovoltaïque qui fonctionne le mieux pour les baies, trois différentes techniques sont testées et examinées. Agroverti, d’«Oberfeld Energie Sarl», se caractérise par des modules installés verticalement sur une structure en bois renforcée. Le système de la start-up suisse «Insolight», lui, repose sur une structure métallique et dispose d’un système d’ombrage dynamique. Quant à celui de l’entreprise solaire «Megasol», il marque des points grâce à ses modules pivotants. Cette comparaison doit fournir de précieuses informations en vue de développer puis d’implanter l’agri-photovoltaïque en Suisse.

Le grand défi des conditions météorologiques

Selon Heinz Schmid, tout porte à croire que le microclimat sous les modules pourrait être mieux contrôlé. Globalement, il devrait y avoir moins d’humidité, ce qui pourrait limiter les maladies des plantes, offrir des températures plus basses et donc des rendements plus élevés. «Nous sommes actuellement en phase de récolte, a affirmé mi-juillet le pionnier du projet. La station de recherche étudie différents paramètres, de sorte à ce que les premières tendances puissent être publiées en automne, voire en hiver». Il a toutefois ajouté que les conditions météorologiques représentaient un grand défi dans la culture du framboisier.

Le grand potentiel des installations agri-photovoltaïques

Pour le conseiller d’État lucernois Fabian Peter, des projets comme celui-ci mettent en évidence le potentiel de l’énergie renouvelable – spécialement lorsqu’il s’agit d’indépendance, de sécurité d’approvisionnement et de réalisation des objectifs climatiques. La combinaison entre production d’énergie et de denrées alimentaires est idéale, notamment dans le cadre du projet «Offensive cultures spéciales». Il est convaincu qu’en Europe, les installations agri-photovoltaïques ont encore un grand potentiel devant elles. Dans d’autres parties du monde, comme au Japon, cette technologie est déjà plus répandue – il y a là-bas plus de 3500 installations, qui concernent 180 cultures agricoles différentes.

En Autriche, il devrait y avoir des poules et des moutons

Pendant ce temps, les chemins de fer autrichiens (ÖBB) construisent leur première installation agri-photovoltaïque à St. Georgen, en Carinthie. Concrètement, il s’agit de bâtir, à côté des voies ferrées, une installation qui fournira de l’électricité écologique tout en offrant de l’ombre aux animaux. Près de 6000 poules et 60 moutons vont y paître. Il est en outre prévu de planter des arbres et des fleurs afin de favoriser la biodiversité. L’installation de six hectares devrait être achevée d’ici la fin de l’année et fournir une production d’énergie annuelle de 15 Gigawattheure (GWh), ce qui correspond à 3800 trajets entre Vienne et Salzbourg à bord du train Railjet. L’électricité sera directement injectée dans le réseau ferroviaire et contribuera à atteindre les objectifs climatiques des ÖBB. Objectif final de cette société de chemins de fer: porter à 80% son taux d’auto-approvisionnement en courant vert d’ici 2030.

Dans la lutte contre le changement climatique, quelle importance accordez-vous à la combinaison entre électricité solaire et agriculture?

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