Les jambes de Prajjwal sauvées par un crowdfunding

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Vaud/BâleLes jambes de Prajjwal sauvées par un crowdfunding

Un couple de Vaudois est parvenu à financer la chirurgie de leur (beau-)frère vivant au Népal, atteint d’une tumeur rare. Il s’est fait opérer cette semaine à Bâle grâce à la générosité de tous leurs amis.

Prajjwal et Reema au Népal en 2019, avant l’arrivée de la maladie.

Prajjwal et Reema au Népal en 2019, avant l’arrivée de la maladie.

DR

«On vient de parler au Dr Krieg. L’opération a duré plus de vingt heures, elle s’est très bien déroulée, la tumeur a pu être enlevée avec succès et il n’y a pas eu de complications.» Le soulagement vécu par le Lausannois Johann et sa femme népalaise Reema mercredi était une belle récompense après des mois de démarches démesurées. Depuis l’été 2020, en effet, le frère de Reema est atteint d’un cancer rongeant l’os de sa hanche. «Ça a commencé par un simple mal de dos, racontait Prajjwal, 21 ans, quelques jours avant l’intervention. Puis j’ai commencé à avoir du mal à dormir et à marcher, il fallait que je porte une ceinture de soutien. La chimio a un peu aidé.»

Au Népal cependant, ce type de tumeur très rare est difficilement traitable. «Les médecins étaient peu confiants, notamment sur le fait qu’il puisse remarcher un jour, détaille Johann. Ils n’avaient jamais pratiqué cette opération, et n’avaient pas de matériel adapté.» Après de longues recherches en pleine deuxième vague de Covid-19, Johann et Reema ont fini par trouver un médecin pour l’opérer en Suisse, notamment grâce à l’intérêt médical que présente le cas de Prajjwal. L’Hôpital universitaire de Bâle a accepté de réduire les coûts au minimum, et le Dr Andreas Krieg, chef du centre des tumeurs osseuses, a accepté de travailler gratuitement durant l’opération.

Prajjwal (21 ans), Reema (27 ans) et Johann (32 ans) à Lausanne, deux jours avant l’opération.

Prajjwal (21 ans), Reema (27 ans) et Johann (32 ans) à Lausanne, deux jours avant l’opération.

DR

Mais la somme nécessaire restait trop importante pour les économies de la famille népalaise de Prajjwal et Reema, et la famille suisse de Johann. L’aventure a été rendue possible par un crowdfunding qui a déjà permis de récolter plus de 50’000 fr., d’abord grâce à des amis et des proches puis aussi à des inconnus. «Ma mère a envoyé le lien à au moins 200 personnes, et ça a transité aussi sur plein de groupes WhatsApp», sourit Johann. «Je me sens extrêmement chanceux, et plein d’espoir, se réjouissait Prajjwal à deux jours de son opération. Je sens bien les choses, même si ça me fait un peu peur.»

Le cercle vicieux du système de santé

«Le système de santé au Népal est insuffisant, en matériel mais aussi en compétences, explique Reema. Et il le reste, aussi parce que beaucoup de Népalais vont se faire traiter à l’étranger, soit en Inde soit aux États-Unis quand ils en ont les moyens. En outre, les études de médecine sont chères, donc réservées aux privilégiés. Si un jeune a la possibilité de partir travailler à l’étranger, il ne reviendra pas, car il n’y a pas beaucoup d’opportunités dans le pays.»

Hôpitaux fortement sollicités

Le dénouement de l’histoire de Prajjwal est d’autant plus miraculeux que les hôpitaux suisses reçoivent des demandes similaires chaque jour, en plus de la charge liée à la pandémie. «On ne sait pas vraiment pourquoi ça a marché pour nous, s’interroge Johann. Peut-être l’intérêt médical de ce cas: il représente 0,01% de tous les cancers.» De son côté, le Dr Krieg et plusieurs collègues ont donné de leur temps bénévolement avant même la venue de Prajjwal en Suisse, pour étudier les chances de pouvoir ôter la tumeur sans dommages.

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