Climat: Les météorologues nouvelles cibles de la désinformation climatique

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ClimatLes météorologues nouvelles cibles de la désinformation climatique

Sur les réseaux sociaux, les spécialistes autrefois respectés et appréciés font face à une vague de haine de complotistes et climatosceptiques notamment en France et en Espagne qui a subi une récente sécheresse grave.

Le gouvernement espagnol a approuvé aujourd’hui des mesures d’une valeur de plus de deux milliards d'euros pour atténuer l’impact d’une sécheresse prolongée qui a frappé son secteur agricole clé.

Le gouvernement espagnol a approuvé aujourd’hui des mesures d’une valeur de plus de deux milliards d'euros pour atténuer l’impact d’une sécheresse prolongée qui a frappé son secteur agricole clé.

AFP

«Criminels», «Vous allez payer !»: les météorologues, autrefois figures familières et respectées, font aujourd’hui dans plusieurs pays occidentaux l’objet des insultes et des menaces de complotistes qui les accusent de mentir voire d’influer directement sur le climat. Sur les réseaux sociaux, l’agence météo espagnole a ainsi été accusée d’avoir fabriqué la sécheresse, son homologue australienne d’avoir trafiqué les thermomètres, tandis que Météo-France est accusée de surévaluer le réchauffement climatique.

«Le Covid n’est plus à la mode. Les complotistes qui en parlaient diffusent maintenant de la désinformation sur le changement climatique», relève Alexandre Lopez-Borrull, professeur de Sciences de l’information à l’Université ouverte de Catalogne. «Les agences scientifiques auxquelles ils s’en prennent sont perçues comme appartenant à l’ordre établi». Elles fournissent des preuves contre les affirmations de ceux qui nient le changement climatique, donc ces derniers tentent de les discréditer», résume-t-il.

«Assassins», «criminels»

En pleine sécheresse et à l’approche d’élections locales, l’agence météorologique espagnole (Aemet) a reçu ces dernières semaines des messages hostiles: «Assassins», «criminels», «nous vous surveillons», «vous allez payer!» La ministre de la Transition écologique Teresa Ribera a dénoncé ce type de pratiques. «Mentir, alimenter le complotisme et la peur, insulter… Cela appauvrit notre société», a-t-elle dénoncé sur son compte Twitter.

Les messages provenaient notamment de tenants de la théorie maintes fois démentie des «chemtrails», selon laquelle les traînées d’avions visibles dans le ciel sont la trace de produits chimiques répandus délibérément pour des raisons secrètes. Ces produits chimiques auraient ainsi pour objectif d’arrêter les pluies et de provoquer de la sécheresse.

Certains ont aussi fait allusion à la théorie de «l’Agenda 2030», qui suggère que les élites mondiales complotent pour asservir les peuples avec le Covid-19 et les politiques climatiques. «Ce qui est ridicule c’est qu’ils insultent une institution qui s’occupe toujours de leurs intérêts, dont le but est de contribuer à la sécurité des gens», a réagi Estrella Gutiérrez-Marco, porte-parole de l’Aemet.

Mise en doute du réchauffement climatique

Alexandre Lopez-Borrull note pour sa part une augmentation du négationnisme climatique. «Les gens ne font plus confiance aux politiciens, aux juges ou aux médias et le coût de la vie augmente», constate-t-il. «Dans ce contexte, ils se sentent aliénés et finissent par écouter des gens auxquels ils ne prêtaient pas attention auparavant, avec des messages qui s’adressent directement à leurs émotions», décrypte l’expert.

Autre pays touché par cette vague de désinformation: la France, où des internautes ont accusé Météo-France de surévaluer le réchauffement climatique dans l’Hexagone en utilisant un outil, l’indicateur thermique national, qui ne prendrait en compte que des relevés effectués dans des zones urbaines, où il fait habituellement plus chaud. «Comment vous faire croire que les températures augmentent en France bien plus qu’elles n’augmentent en réalité ? Il suffit d’installer les systèmes de mesure dans les villes qui se développent le plus», affirme un internaute sur Facebook.

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(AFP)

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