Les profs interdits de cantine

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GenèveLes profs interdits de cantine

Les enseignants genevois doivent désormais manger seuls dans leur salle de classe. Une décision qui passe mal.

Désormais, les cafétérias sont réservées aux élèves. Les enseignants peuvent venir y chercher des repas à l’emporter.

Désormais, les cafétérias sont réservées aux élèves. Les enseignants peuvent venir y chercher des repas à l’emporter.

Georges Cabrera/TDG

«C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase!» Depuis qu’elle a reçu les nouvelles directives du Département de l’enseignement public (DIP), Claire* ne décolère pas. Depuis le 18 janvier dernier, le personnel des établissements scolaires doit manger seul à midi, chacun dans sa classe ou son local. Ce qui équivaut à une interdiction de cafétéria, laquelle restera ouverte pour les élèves et les repas à l’emporter des maîtres. «Les conditions d’enseignement ont été péjorées ces derniers mois à cause de la crise sanitaire, nous sommes déjà à bout», tonne cette enseignante du secondaire II à Genève. Elle relève qu’avec cette dernière mesure, les enseignants ne peuvent plus échanger au sujet des élèves ou de la vie scolaire, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire dans l’accomplissement de leur travail. «Entre ça et l’enseignement avec le masque, certains n’en peuvent plus. J’ai des collègues sur le point de craquer», conclut-elle.

Essentiel du travail face aux élèves

«Il ne nous restait déjà que peu de lieux de discussion, cette décision augmente encore le sentiment d’isolement des enseignants», relève Waël Almoman, membre du bureau de l’Union du corps enseignant secondaire genevois. Il indique avoir reçu des messages de professeurs qui confient qu’ils ont «le moral plombé par cette décision». Néanmoins, souligne Waël Almoman, «l’essentiel de notre travail s’effectue face aux élèves. Il est primordial de laisser l’école ouverte. Les jeunes ont déjà beaucoup souffert durant le premier confinement.»

Du côté de la Société pédagogique genevoise (SPG), qui représente les professionnels du primaire, Oliver Baud, membre du comité, confirme que ces mesures «tuent tous les échanges, des moments essentiels au travail d’équipe». Selon lui, compte tenu de la taille des classes, il serait parfaitement envisageable de s’y trouver à plusieurs adultes et à distances raisonnables. Le sentiment qui prédomine, c’est que les mesures s’empilent afin d’éviter à tout prix une fermeture. «Mais à quel prix?» s’interroge-t-il, tout en insistant sur le fait que la SPG ne souhaite pas la fermeture des écoles.

«L’école fonctionne»

Le DIP confirme cette nouvelle et précise qu’elle concerne tous les ordres d’enseignement, avec quelques mesures particulières pour l'enseignement spécialisé. «Les mesures sont de la responsabilité du Service du médecin cantonal», indique Pierre-Antoine Preti, porte-parole, reconnaissant «un ou deux petits clusters dans ces lieux». Il souligne qu’il s’agit de libérer de la place pour les élèves qui n’ont d’autre lieu pour manger à midi. «Cette mesure n’empêche pas l’école de fonctionner, sans doute moins bien qu’avec des relations humaines normales, mais elle fonctionne, souligne-t-il. La médecin cantonale a précisé vendredi qu’il s’agissait d’éviter de devoir mettre plusieurs enseignants en quarantaine simultanée après un repas à plusieurs. Cela mettrait en danger l’équilibre des établissements, ce que nous voulons éviter.»

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