DéfenseLes vieux Léopard de l’armée pourraient à nouveau feuler
Près de 100 chars Léopard «dorment» dans des dépôts en Suisse. Des élus demandent qu’une partie d’entre eux soient modernisés et qu’ils reprennent du service.

Dans les années 1980, la Suisse a acquis 380 Léopard, un char allemand qui, selon les spécialistes, «fait toujours partie des meilleurs chars du monde».
DRLa guerre en Ukraine a montré l’importance des blindés. Cet aspect n’a pas échappé à des élus qui veulent remettre en service une partie des 96 chars Léopard encore entreposés depuis des années par l’armée suisse, selon la «NZZ am Sonntag». Ces blindés ont été mis au rebut à la fin de la guerre froide, dans les années 1990, car ils étaient gourmands en carburant. Nul doute que la proposition va faire débat puisque, dès lundi, le Parlement va se prononcer sur une augmentation massive des moyens pour l’armée, avec un budget qui pourrait passer de 5 à 7 milliards de francs par an.
Le conseiller aux États Werner Salzmann (UDC/BE), qui est aussi président de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des États, déclare dans le journal alémanique: «La guerre en Ukraine montre que nous ne pouvons pas nous passer des chars de combat.» La conseillère nationale Ida Glanzmann (Le Centre/LU) est du même avis. «Je soutiendrais le fait que le Département de la défense examine sérieusement la possibilité de remettre ces chars en service. Si la Suisse veut investir dans l’armée, il est logique de miser sur le matériel déjà disponible.» Selon Werner Salzmann, dans un premier temps, la modernisation et la remise en service de 32 unités sont estimées entre 350 et 450 millions de francs.
Des voix contraires s’élèvent
Un vent contraire vient de la gauche. «C’est complètement absurde», déclare Franziska Roth, politicienne socialiste responsable de la sécurité. «Les Russes ne se trouvent pas avec des chars à Chiasso ou au bord du lac de Constance.» Elle ne voit aucun gain de sécurité si la Suisse mise sur des recettes de la guerre froide. Le politicien Vert en charge de la sécurité, Mathias Zopfi, réagit lui aussi avec scepticisme. «Je m’interroge sur le fait que cela améliore vraiment notre sécurité.»
Très bien stockés
Lorsqu’ils ont été mis au placard, la moitié des 380 exemplaires acquis par la Suisse en Allemagne dans le cadre du programme d’armement 1984 ont été vendus, dont certains sont partis pour le Canada ou encore l’Allemagne. Les chars encore entreposés sont prêts à rouler. Des employés de la Confédération s’en occupent et leur font faire un petit tour tous les deux ans. La tourelle est également graissée et mise régulièrement en mouvement. Enfin, la halle de stockage a une humidité constante afin d’éviter la rouille.