GenèveLe Canton dit oui au pass Covid français en boîte de nuit
Faute de reconnaissance entre les systèmes de vérification suisse et français, les exploitants sont privés de leur importante clientèle frontalière. Genève a adopté une solution provisoire.
«Les frontaliers, même vaccinés à double dose, même munis d’un certificat Covid européen valide, se voient refuser l’accès» aux discothèques, dénonçait récemment l’Audio Club, à Genève. Cette clientèle constitue la part de marché majoritaire de nombreux établissements de la nuit, dans le canton. Pas de chance: si le pass sanitaire européen est entré en vigueur ce jeudi, l’application suisse Covid Certificate Check ne le reconnaît pas lorsqu’elle scanne le QR code. Pas de pass, pas d’entrée, donc... Mais c’est terminé. Le Canton a officiellement décidé jeudi matin que les vérifications à l’entrée des clubs pourraient se faire via l’application Covid française; et ce, immédiatement.
«Pas de risque sanitaire»
«Nous souhaitons faire preuve de pragmatisme envers les exploitants, avec qui des discussions ont eu lieu ces derniers jours», a indiqué le Département genevois de l’économie (DEE). A l’entrée des boîtes, les employés pourront ainsi vérifier, via l’application française qu’ils auront téléchargée, si le client venant de l’autre côté de la frontière a été vacciné ou testé négatif.
«Cette solution n’implique aucun risque sanitaire et sans elle, ce secteur d’activité est privé d’une partie de sa clientèle», a justifié le DEE. La disposition est applicable à d’autres secteurs ou évènements (ndlr: dans les domaines de la culture ou des sports, par exemple), «pour garantir un traitement équitable». Pareille mesure pourrait-elle être aussi prise dans le canton de Vaud? Sollicité, le Département cantonal de la santé et de l’action sociale dit «travailler à une solution», qu’il n’a pas détaillée.
Solution temporaire
Entrée en vigueur immédiatement, la décision genevoise est temporaire, le temps qu’une reconnaissance mutuelle des certificats entre la Suisse et l’Union européenne (UE) soit adoptée. Selon le Conseil Fédéral, un tel accord pourrait intervenir dès la semaine prochaine. Dès lors, l’application suisse reconnaîtra les certificats des pays membres de l’UE.
Exploitants ravis
«Etant à l’origine de cette solution, je suis évidemment satisfait», réagit Lionel Mansi, représentant à Genève de l’Asco (Association Suisse des Cafés-Concerts, Cabarets, Dancings et Discothèques). «Cela va nous permettre d’enfin faire du chiffre d’affaire. Dans le plupart des clubs au bout du lac, les résidents limitrophes représentent environ 60% de la clientèle.» A la tête de La Belle Nuit, qui regroupe 41 établissements privés vaudois, Thierry Wegmüller juge «intéressante» la décision genevoise: «Tout ce qui favorise notre secteur d’activité et facilite l’accès aux clubs est une bonne chose.»
Certificat Covid suisse dans l’attente
Pour l’heure, détenir un certificat suisse ne sert pas à grand chose dans les pays de l’Union européenne (UE). Et pour cause: faute d’un accord avec Bruxelles, il n’est pas encore reconnu au-delà de nos frontières. Ce n’est a priori qu’une question de temps. La Suisse a rempli les exigences techniques et juridiques pour valider son dispositif auprès de l’UE. Mais tous les Etats membres doivent donner leur accord, avant que la Commission européenne ne valide définitivement la compatibilité du certificat helvétique, explique «Le Temps». La décision doit tomber au début de ce mois. Avant cela, mieux vaut donc se rendre en France, par exemple, avec un certificat ou une attestation imprimée, et bien se renseigner sur les conditions imposées par les pays de destination, notamment si le voyage s’effectue en avion.
