L’Etat accusé de ne pas en faire assez pour les victimes

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Violence domestiqueL’Etat accusé de ne pas en faire assez pour les victimes

Le PS genevois réclame davantage de moyens et de lieux d’hébergement pour celles et ceux qui subissent coups et pressions psychiques dans le cercle familial. Il interpelle le Canton et la Confédération.

Sygma

«Le Conseil d'Etat ne semble pas prendre en considération l'urgence de la situation et le manque criant de places d'hébergement pour les victimes de violence domestique», selon le député socialiste genevois Youniss Mussa. Le parti à la rose a exigé ce mercredi une meilleure prise en charge de ces personnes, tant au niveau cantonal que fédéral. Face à l'ampleur du problème (cf. encadré ci-dessous), il demande davantage de moyens pour accueillir et encadrer celles (et ceux) qui tentent de fuir les coups et les pressions psychiques intolérables dans le cadre familial.

L’Etat réfute les critiques

En mai dernier au bout du lac, le Grand Conseil a adopté une motion PS en ce sens. Depuis, il ne s’est quasi rien passé, estime Younis Mussa. La seule piste de l’Exécutif, «c'est attendre le rapport d’un groupe de travail qu’il a mandaté sur la question des hébergements. Il n’y a aucune action concrète. Le Conseil d’Etat manque de volonté politique et sa gestion du problème est catastrophique.»

Le Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences (BPEV) conteste ces critiques. Sa directrice, Colette Fry, souligne que «les victimes continuent à pouvoir être hébergées, en foyer ou dans des hôtels, avec une prise en charge psychosociale en ambulatoire». Elle indique aussi que le Canton a renforcé la subvention des foyers d'hébergement et des associations qui gèrent des appartements de transitions. Enfin, le BPEV prône une vision à long terme: «Plutôt que de créer un nouveau foyer d'urgence, il faut renforcer le dispositif de suite, comme les appartements de transition et les logements pérennes».

Berne peut mieux faire, juge le PS

Les socialistes en appellent aussi au Conseil fédéral. Au début de ce mois, la conseillère nationale Laurence Fehlmann Rielle a déposé un postulat qui demande au gouvernement de mettre en place une base légale limitée dans le temps pour financer des lieux d’accueil destinés aux victimes de violence domestique. Si l’élue genevoise a salué les efforts du Conseil fédéral en matière de sensibilisation, de formation et de coordination entre acteurs concernés, «cela reste insuffisant. Les disparités entre régions sont grandes. Par ailleurs, les 19 maisons d’hébergement d’urgence dans le pays ont dû refuser environ 500 demandes en 2018 (ndlr: la Suisse compte aussi 25 refuges pour des séjours au long court)».

Le non-dit des statistiques

Les derniers chiffres genevois et vaudois n’ont pas montré de hausse des violences domestiques, alors que les autorités craignaient une augmentation, comme dans plusieurs pays en Europe, en raison des confinements imposés par la pandémie de coronavirus. Mais ces résultats sont à prendre avec des pincettes, ont notamment souligné les forces de l’ordre genevoises, lundi dernier lors de la présentation de leur bilan 2020 de la criminalité. Ils ne sont que la pointe de l'iceberg. Les statistiques ne recensent en effet que les infractions constatées, alors que de nombreuses victimes craignent de déposer plainte, par peur de représailles, de ne pas être prises au sérieux ou par honte, par exemple. Les associations de lutte contre les violences domestiques ont ainsi indiqué que le nombre d’appels à l’aide avait grimpé l’an passé, particulièrement lors du semi-confinement du printemps.

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