Genève: L’Etat met le paquet pour éviter le placement d’enfants

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GenèveL’Etat met le paquet pour éviter le placement d’enfants

Lancée en 2020, la réforme du dispositif de protection des mineurs arrive à son terme. Les prestations en la matière ont été largement étoffées.  

En 2021, 671 enfants ont été placé. De nouvelles mesures ambulatoires vont pouvoir être proposées aux familles en cas de crise.

En 2021, 671 enfants ont été placé. De nouvelles mesures ambulatoires vont pouvoir être proposées aux familles en cas de crise. 

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Mise en place de mesures ambulatoires, ouverture de nouvelles structures, révision du processus décisionnel, création d’un comité d’éthique. Le dispositif de protection des mineurs genevois est en train de changer de visage. Lancé en 2020, le projet de réforme arrive à son terme. L’occasion pour la cheffe du Département de l’instruction publique (DIP), Anne Emery-Torracinta, de faire le point sur «trois années de travail acharné».

Aider les parents à se séparer

«Les procédures de séparation sont longues. Elles durent en moyenne deux ans», a relevé la patronne du DIP. Face à l’augmentation du taux de divorce et des séparations conflictuelles, «il est essentiel de raccourcir ce délai pour éviter que l’enfant devienne l’objet du conflit.» Ainsi, un focus a été mis sur le soutien à la séparation parentale.

A cet effet, un projet pilote en collaboration avec les pouvoirs judiciaires a vu le jour en début d’année. Celui-ci prévoit une séance d’accompagnement, dès le début du processus, pour aider les parents à trouver un accord en matière de garde d’enfant. S’ils aboutissent à une solution (qui devra être validée par le Tribunal), alors l’affaire est close. «La rapidité est un élément clé. On souhaite que cela se fasse en 3 mois», ambitionne la conseillère d’Etat. 

Comment évaluer le danger?

Autre avancée majeure: la révision des critères d’évaluation du danger encouru par l’enfant. Un guide a été créé au Service de protection des mineurs (SPMi) pour harmoniser les pratiques. «Le processus de prise de décision a également été entièrement revu. Désormais, c’est un travail d’équipe avec des regards croisés à chaque étape.» Une manière de «limiter l’arbitraire et le risque d’erreur». 

Des alternatives en cas de crise

Un gros travail a également été mené pour éviter les placements – bien que leur nombre reste stable avec 671 enfants placés en 2021, contre 674 l’année d’avant. Pour cela, l’Etat a développé toute une série de solutions intermédiaires. «L’objectif était d’élargir la palette de prestations afin que le SPMi soit plus proactif et sorte de ce rôle du méchant. Le personnel pourra aussi apporter un soutien plus proche des besoins.»

Plusieurs mesures ambulatoires vont ainsi être déployées courant 2023: l’ouverture de places d’urgence dans des familles d’accueil pour un hébergement temporaire, la création de places dans des familles d’accueil spécialisées, soit chez des professionnels du domaine (santé, social etc.) ou encore le renforcement des interventions de l’équipe mobile de l’Office de l’enfance et de la jeunesse (OEJ) et des HUG. «Nous avons étendu son mandat afin qu’elle puisse être mobilisée non seulement dans les foyers, mais aussi au sein des familles naturelles et des familles d’accueil», détaille Daniela Di Mare Appéré, directrice de l’OEJ.  

Un nouveau modèle d’intervention à domicile a également été lancé en octobre dernier au SPMi. «Il suit actuellement une cinquantaine de situations», précise Isabelle Peyrot Perdrizet, directrice des projets stratégiques.

Foyers d’accueil mère-enfants

Trois structures d’accueil mère-enfant vont également voir le jour cette année pour héberger les mamans qui présentent des problèmes psychiatriques ou des addictions graves. «On veut les accompagner pour leur permettre de créer un lien avec leur enfant. Cela permettra d’éviter les placements de bébé, ainsi que les hospitalisations sociales», souligne la patronne du DIP.

La première unité ouvrira ses portes au plus tard à la fin du mois, dans un appartement à Champel. Elle pourra accueillir 6 personnes. Puis, une seconde institution s’ajoutera à ce dispositif cet été, avec huit places supplémentaires. L’OEJ est actuellement à la recherche de locaux pour la troisième structure.

Sous la loupe de professionnels externes

Enfin, la réforme a donné naissance à un comité d’éthique, composé de huit professionnels externes, qui se réuniront 4 à 5 fois par année. Ils auront pour mission de «conseiller la direction générale de l’OEJ pour les situations complexes et d’interroger nos pratiques afin de savoir si nous allons dans la bonne direction», conclut Daniela Di Mare Appéré.

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