VaudL’obsédé traquait des ados sur le web
Un jeune de 22 ans a écopé lundi de 5 ans de prison pour viols. Il abordait ses proies, des adolescentes âgées de 12 à 15 ans, dans la rue et sur les réseaux sociaux.

La Cour a condamné l’homme à 5 ans de prison et à 10 ans d'expulsion.
Keystone«Tant qu'elles ont des fesses et des seins, peu importe leur âge». C'est ainsi qu'un Erythréen de 22 ans, provisoirement en Suisse depuis ses 15 ans, a expliqué sa vision des relations humaines. Sans emploi, l'homme a passé ses journées à chasser de jeunes mineures, abordées sur les quais de gare ou harponnées sur les réseaux sociaux. L’homme attaquait dare-dare dès les premiers échanges : « Envoies moi des « nudes » (photos intimes). Je vais te baiser.» Et ça a marché: des ados de 12 à 15 ans ont été une vingtaine à dialoguer avec lui. Les plus inconscientes ont répondu à ses attentes. Et celles qui ne pliaient pas étaient traitées de salope et menacées de tous les maux. Huit d'entre elles ont été prises dans sa nasse : il menaçait de diffuser leurs photos de sexe sur les réseaux sociaux avec des commentaires appropriés. Sauf si elles acceptaient de le rencontrer. Le prévenu leur jouait alors le grand jeu: «j'efface si tu couches». Certaines ont été palpées avant de parvenir à le repousser.
Grande douleur psychique
Trois ados ont entretenu des relations sexuelles avec lui, plus ou moins consenties. Car le prévenu ne les battait pas . «Menacer de diffuser ces photos, c'était comme les battre», a insisté la présidente du Tribunal criminel de Vevey devant lequel le jeune a comparu lundi. Son interpellation n'a pas été aisée. Une écolière a déposé plainte en 2018, mais il a fallu le retrouver. Et c'est en allant au poste de police récupérer un couteau saisi qu'il a été interpellé. Et là, surprise : il avait enregistré 900 contacts, majoritairement féminin, en un an. Il a aussi conservé les photos et mêmes les vidéos de ses ébats avec les mineures. Il a fallu les identifier une à une.
Le prévenu a chipoté sur les faits, il a affirmé ne pas se souvenir ou a minimisé ses actes. Les rares victimes plaignantes ont évoqué leur grande douleur psychique. Il n'a pas encore perçu en quoi les actes sexuels ainsi obtenus sont des viols. Selon lui, elles ont menti sur leur âge : «J'apprends maintenant qu'elles n'étaient pas d'accord.» Pour sanctionner cet obsédé sans scrupule, la procureure a requis 8 ans de prison et l'expulsion.
Pour la défense, les jeunes filles ne sont pas naïves face aux réseaux sociaux. Elles devaient savoir ce qu'elles faisaient. Me Laura Reichenbach a repris chaque cas pour en contester l'interprétation juridique. Elle a été entendue : la Cour criminelle a condamné l'Africain à 5 ans de prison et à 10 ans d'expulsion.