Logements aux Vernets: «Un projet calamiteux»

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GenèveLogements aux Vernets: «Un projet calamiteux»

Une pétition est lancée pour revoir «en urgence» le projet urbanistique des Vernets, jugé trop dense. Le timing de la démarche interroge.

par
David Ramseyer
Le projet immobilier des Vernets prévoit deux rectangles fermés d'immeubles, hauts de respectivement  33 et 21 mètres, ainsi que deux tours. L'une de 86 m. (à gauche, au bord de l'Arve) abritera des appartements, une autre de 51 m. (à droite) accueillera des surfaces commerciales.
Le site de la caserne des Vernets (à gauche) devrait abriter à l'avenir 1500 logements, dont 300 pour les étudiants, ainsi que des bureaux et une école. Le projet a été accepté en votation, en février 2016, par plus de 68% des Genevois.
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Le projet immobilier des Vernets prévoit deux rectangles fermés d'immeubles, hauts de respectivement 33 et 21 mètres, ainsi que deux tours. L'une de 86 m. (à gauche, au bord de l'Arve) abritera des appartements, une autre de 51 m. (à droite) accueillera des surfaces commerciales.

Keystone/Martial Trezzini

Ils réclament un ensemble «à taille humaine», garant d'une vraie qualité de vie pour les futurs occupants, en lieu et place «d'énormes blocs fermés» flanqués de «deux immenses tours», d'une «masse de béton» où la densité d'habitations s'apparente à du «bourrage», le tout dans un cadre «peu lumineux et sans végétation, ou presque». Le Collectif d'associations d'habitants, appuyé par le Rassemblement pour une politique sociale du logement (RPSL), a lancé ce mercredi une pétition qui s'oppose au projet immobilier des Vernets. Ce dernier prévoit l'édification de 1500 logements sur le site de l'actuelle caserne.

Le texte exige un projet avec des espaces publics plus généreux et davantage de surfaces végétales. La récolte de signatures court jusqu'au 20 décembre prochain. La pétition sera remise au Grand Conseil ainsi qu'au Conseil municipal de la Ville de Genève.

Démarche très tardive

Ce projet est un «non-sens urbanistique, selon Jean-Pierre Fioux, membre du collectif. L'Etat, qui possède l'entier des terrains, a tout faux! La densité y sera bien trop importante, avec notamment des gabarits hors du commun, tels que des tours de 86 et 51 mètres de haut». Membre du comité du RPSL, Marc Brun ajoute que «le traitement des espaces publics est calamiteux. Face aux enjeux climatiques, notamment, on veut faire de la rentabilité en construisant le plus possible d'appartements, alors qu'il faut une ville durable. Nous sommes d'accord de densifier la zone urbaine, mais pas de la surdensifier!»

Les pétitionnaires n'ont pas de contre-projet précis à proposer, mais ils ont tout de même réfléchi à des «esquisses de pistes». Parmi elles, une diminution de moitié des logements et la suppression d'une majorité des bureaux prévus dans le secteur, pour offrir plus d'espaces aux habitants.

La pétition arrive cependant très tard, puisque le projet est à bout touchant: il ne reste plus que l'autorisation définitive à obtenir avant l'ouverture du chantier, qui pourrait débuter l'an prochain.

«Il n'est jamais trop tard pour préserver l'avenir», répond Jean-Pierre Fioux. Son collègue du collectif d'associations d'habitants, Michel Schweri, estime aussi que «la démarche a valeur d'exemple pour la suite des projets de tout le secteur Praille-Acacias-Vernets».

Le Canton interloqué par l'action du collectif

Conseiller d'Etat chargé du territoire, Antonio Hodgers se dit surpris de la démarche tardive des associations d'habitants. Il relève que le projet des Vernets est connu depuis 2014, qu'il a été largement soutenu dans les urnes en 2016 et que le plan localisé de quartier, adopté l'an passé, n'a fait l'objet d'aucune opposition. Aujourd'hui, «on ne peut pas tout jeter et tout reprendre à zéro. Il faut aussi respecter la volonté populaire, souligne le magistrat. Mais je reste preneur d'idées si on peut améliorer les choses». Le conseiller d'Etat souligne que l'Arve toute proche constituera un espace vert important. Il rappelle aussi qu'un projet municipal pour verdir l'actuel parking de la patinoire est à l'étude.

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