Votations - Agir pour le climat, quitte à ne plus prendre l'avion?

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Votations fédérales du 13 juinLoi sur le CO2: Agir pour le climat, quitte à renoncer à l’avion pour les vacances?

Le Conseil fédéral veut inciter financièrement les Suisses à s’investir davantage pour le climat. Mais la révision de la loi sur le CO2 se heurte à deux comités référendaires. Présentation des enjeux de cette votation en vidéo.

D’ici à 2050, la Suisse entend ne plus émettre de gaz à effet de serre du tout. La Confédération s’y est engagée. Un objectif renforcé qui découle de la ratification de l’Accord de Paris sur le climat. Mais selon le Conseil fédéral et le Parlement, la législation actuelle ne suffira pas pour parvenir à se passer aussi rapidement du CO2. Ces derniers veulent réviser la loi en faisant passer les citoyens encore davantage à la caisse.

«Plus on attend, plus ça coûtera cher»

Les Suisses perçoivent déjà une taxe sur le mazout et le gaz. Celle-ci pourrait augmenter d’une centaine de francs par an si la proposition de la loi était acceptée, tandis qu’une nouvelle taxe sur les billets d’avion serait introduite sur chaque vol au départ de notre pays. Les comportements respectueux du climat se verraient récompensés et les pollueurs seraient sanctionnés. L’argent récolté nourrirait en partie un Fonds pour le climat, soutenant les investissements écologiques et les entreprises novatrices.

Pays alpin, la Suisse se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. «Sans mesures de protection du climat, les débits des rivières seront, à la fin du siècle, en moyenne 30% plus élevés en hiver et 40% plus bas en été. Les températures des cours d'eau augmenteront, quant à elles, d'environ 5,5 °C en été.» C’est le constat tiré en mars dernier par des experts ayant participé à un projet suisse de recherche sur les effets des changements climatiques sur l’eau. Une étude chapeautée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

En automne 2018, le niveau de l’eau du lac de Bret (VD) avait baissé de plus de 5 mètres.

En automne 2018, le niveau de l’eau du lac de Bret (VD) avait baissé de plus de 5 mètres.

Lecteur reporter

En plus de limiter les effets néfastes des changements climatiques, le Conseil fédéral y voit un moyen de créer des emplois en Suisse et de réduire notre dépendance envers les groupes pétroliers étrangers. Comme le PLR, les Vert’libéraux et le PS se disent favorables à cette révision de loi CO2, puisqu’elle participerait à limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré. À noter que la température moyenne nationale a grimpé de 2,5 degrés par rapport aux débuts de l’ère industrielle. «Plus on attend, plus ça coûtera cher», déclarait en janvier Simonetta Sommaruga, cheffe de l’OFEV.

Chiffres sur le trafic aérien

Fin 2019, la Confédération avait annoncé que le trafic aérien constituait 12% des émissions de CO2 du pays, et 2 à 2,5% de l'ensemble des émissions provoquées par l'homme au niveau mondial. En 2018, en Suisse, la combustion de kérosène a émis 5,74 millions de tonnes de CO2. Cinq millions de tonnes représentent aussi 25% des émissions de gaz carbonique résultant de la combustion de carburants. En moyenne, environ 90 g de CO2 sont émis par passager et par kilomètre.

Blocus contre la révision

Mais cette proposition de loi se heurte au référendum. D’un côté, les activistes du climat considèrent que le texte est insuffisant face à l’urgence climatique, car il ne propose aucune mesure pour stopper les investissements de projets néfastes pour l’environnement. Soutenus par l’UDC, les référendaires issus des milieux économiques craignent que cette nouvelle législation ne pèse sur les revenus de la classe moyenne, de la population rurale et des PME.

Tendance au «OUI»

Quelques 18’271 personnes issues de toute la Suisse ont participé au sondage Tamedia/«20minutes» fin avril. Avec une marge d'erreur de 1,2%, les résultats indiquaient alors que la nouvelle loi sur le CO2 serait acceptée par 54% des votants, tandis que 43% la rejetterait. Un clivage ville-campagne se profilait également: 65% des personnes vivant en ville comptaient inscrire un «OUI» sur leur bulletin de vote, contre seulement 47% des habitants de la campagne.

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