Vaccin anti-Covid-19L’OMS critique la stratégie vaccinale de la Suisse
L’OMS et des experts appellent la Suisse et les pays riches à ne pas vacciner les plus jeunes et à faire don de leurs doses en surplus aux pays pauvres, afin que l’ensemble de la population adulte soit vaccinée.

(Image d’illustration.)
AFPMercredi dernier à Genève, Tedros Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a qualifié de «scandale moral» le fait que les trois quarts des vaccins administrés à ce jour n'aient été distribués qu'à dix pays, rapporte la «SonntagsZeitung» du jour. Selon le directeur, les doses administrées jusqu'à présent auraient suffi à protéger tous les aînés et le personnel de santé du monde entier.
Aujourd’hui, les pays les plus touchés par la pandémie sont en effet aussi les plus pauvres des pauvres, dont Haïti, qui compte moins de 0,1 dose de vaccin pour 100 habitants. Et près de trois douzaines de pays africains, plusieurs pays d'Asie du Sud, d'Asie centrale et d'Asie de l'Est, ainsi que du Moyen-Orient, n'ont pratiquement pas de vaccins.
Tedros Ghebreyesus déplore que la Suisse, et d’autres pays, comme le Canada ou la Grande-Bretagne, aient acheté autant de vaccins que nécessaire pour toute la population, sans tenir compte des personnes ne souhaitant pas être vaccinées. Ni du fait que les données scientifiques les plus récentes montrent que la vaccination des enfants et des adolescents en bonne santé n'est guère utile.
Critiques suisses
La critique fait écho chez d’autres experts suisses de la distribution des vaccins. Thomas Cueni, directeur général de la Fédération internationale pharmaceutique à Genève estime ainsi: «Il est choquant que certains pays riches aient commencé à vacciner les jeunes de 12 à 16 ans, alors que de nombreux pays pauvres ne disposent même pas de vaccins pour les populations vulnérables.» Du côté de l'OFSP, on estime toutefois que seul un nombre infime de doses seraient disponibles si l'on renonçait à vacciner les jeunes.
Thomas Cueni exige que les pays riches remettent leurs doses excédentaires immédiatement – et non pas après-demain – pour qu'elles puissent être distribuées aux pays plus pauvres. Et Marcel Tanner, épidémiologiste et président des Académies suisses des sciences déplore aussi «la grande inégalité dans la distribution des vaccins» – par équité et éthique, mais aussi «parce que nous vivons tous dans un seul monde et sommes socialement et économiquement dépendants les uns des autres».
Les cantons étudient l’extension du certificat Covid
Les cantons examinent si des restrictions devront être imposées aux personnes qui refusent de se vacciner contre le Covid-19, rapporte le «SonntagsBlick». Mais pour l’heure, la Confédération préfère encore la carotte au bâton. A l’instar du gâteau offert cette semaine par l’OFSP à Berne à toute personne venue se faire vacciner spontanément sur la Place fédérale.
Toutefois, si le nombre d'infections continue d'augmenter, une extension de l'obligation de présenter un certificat Covid pour les personnes vaccinées, testées et/ou guéries devra être envisagée, estime Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, dans le journal zurichois. Selon lui, les événements de petite taille, les activités et les manifestations sportives, la gastronomie ou les visites dans les hôpitaux et les maisons de retraite seraient concernés. Il rejette cependant avec véhémence la proposition que le personnel soignant non vacciné se signale par un badge – «une intrusion non proportionnelle dans la liberté individuelle» selon lui. Il rejette aussi l'idée de faire payer les tests rapides nécessaires à l'obtention du certificat, craignant que cela motive moins les gens à se faire dépister.
Convaincre les sceptiques et les hésitants sera un travail de longue haleine. L’OFSP va d’ailleurs organiser un workshop sur ce thème auquel tous les cantons pourront participer, annonce le journal dominical.