«Elle s’est assise derrière moi et m’a donné un coup de tête»

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Santé«Elle s’est assise derrière moi et m’a donné un coup de tête»

Une étude pointe du doigt la stigmatisation des non-hétérosexuelles. Une jeune lesbienne témoigne.

Les femmes en couple avec des femmes se sentent rejetées.

Les femmes en couple avec des femmes se sentent rejetées.

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Les résultats d’une enquête menée en 2019 sur la santé des femmes de Suisse et de France voisine qui ont des relations sexuelles avec d’autres femmes ont été dévoilés la semaine passée.

L’étude s’est intéressée aux aspects sexuels et mentaux, ainsi qu’aux violences. Elle dresse plusieurs constats alarmants. Rejetées et stigmatisées, certaines vont jusqu’à renoncer à des examens gynécologiques. C’est le cas d’Eva*, étudiante de 22 ans. «Lors des consultations gynécologiques, tout ce qui est non hétérosexuel n’est ni pris en compte ni considéré», déplore-t-elle.

L’étudiante retient aussi les regards indignés et désapprobateurs dans la rue, quand elle manifeste des gestes de tendresse envers sa partenaire. Parfois, des remarques désobligeantes fusent. Comme quand un inconnu vient leur proposer «un plan à trois».

Il y a deux ans, Eva a subi une agression physique liée à son orientation sexuelle. «J’étais dans les transports publics avec mon amie. On se tenait la main. Une femme d’une vingtaine d’années a commencé à nous insulter. Nous n’avons pas réagi.» La situation a alors dégénéré. «Elle s’est assise derrière moi et m’a donné un coup de tête. Tétanisée, je lui ai demandé pourquoi elle agissait ainsi. Elle a répondu par un crachat. Elle m’a ensuite pris par les cheveux et m’a balancée par terre. J’étais choquée et j’avais des douleurs. Je regrette de ne pas avoir porté plainte.»

Souvent victimes de violences

Quelque 35% des 409 répondantes ayant pris part à l’enquête disent avoir déjà été discriminées dans le cadre médical. Plus de deux tiers d’entre elles ont vécu des violences sexuelles et 54% ont eu des pensées suicidaires. Par rapport à la population féminine générale, elles consomment plus d’alcool (92%-77%), de tabac (49%-23%), de cannabis (31%-25%) et de coke (13%-2%). Mais l’échantillon de l’enquête est plus jeune.

* Prénom d’emprunt

Impacts sur la prise en charge des soins«Discriminées en tant que femmes et en raison de leur orientation sexuelle et/ou de genre, parfois dès l’adolescence, elles sont oubliées des campagnes de prévention. Cela a des impacts sur leur santé, leur accès aux soins et leur prise en charge.» Le constat est d’Emmanuelle Anex, chargée de recherche à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL. L’experte, qui a participé à l’étude, trouve certains chiffres alarmants: 35% de femmes évoquent une prise en charge médicale inadéquate et 61% ont des rapports sexuels non protégés.

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