Malaise policier après la non-intervention pour une partie de foot illégale

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LausanneMalaise policier après la non-intervention pour une partie de foot illégale

Contrairement à la version officielle, les forces de l’ordre communales et cantonales étaient prêtes à empêcher un match à l’Ascension pour faire respecter les directives sanitaires. Explications.

Les autorités lausannoises n’ont pas fait respecter les directives de la Confédération et du Canton face aux risques de transmission du Covid-19 le jeudi de l’Ascension. Alors que de nombreux policiers de divers services avaient été mobilisés dès l’après-midi pour repérer le lieu qui accueillerait un match afin de l’empêcher, tel que l’avait demandé le Département cantonal de la sécurité, ces derniers ont finalement reçu l’ordre de ne pas intervenir en amont. Et ce alors que les spectateurs commençaient à affluer vers le terrain de sport, dans le quartier des Boveresses, au nord de la capitale vaudoise. Finalement, quelque mille personnes agglutinées ont assisté à ce match illégal, sans préserver les distances sociales.

Interrogé par des médias deux jours plus tard, le responsable de la sécurité publique lausannoise, Pierre-Antoine Hildbrand, avait déclaré: «La police doit agir avec proportionnalité; il s’agissait de ne pas ajouter du désordre au désordre.» Une des raisons données au Canton pour ne pas intervenir alors que celui-ci l’avait demandé: ça se passait dans un quartier dit «sensible» quant à sa population. Monsieur Hildbrand justifiait l’absence d’intervention dans le fait qu’il n’était plus possible, une fois le match commencé, de disperser 1000 personnes, «à moins d’utiliser des gaz lacrymogènes».

Policiers sur place et prêts à intervenir bien avant le début du match

Le témoignage d’un policier sur le terrain ce jeudi de l’Ascension contredit la version officielle et dévoile un malaise parmi des agents. Dès l’après-midi, lui et ses collègues ont surveillé des terrains dans deux quartiers différents susceptibles d’accueillir selon leurs sources cet événement non autorisé. La police vaudoise était présente en renfort et un camion à jet d’eau antiémeute était réquisitionné. Divers interlocuteurs vaudois nous renvoient tous vers la Ville de Lausanne, car «c’est elle qui est responsable» et «le sujet est trop politique». Quant au service de presse de la police lausannoise, il confirme le renfort ce jour-là de «plus de 30 gendarmes» ainsi que du véhicule vaudois antiémeute. Sollicité pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre, pourtant mobilisées en nombre, avaient reçu la consigne de ne pas agir en réalité bien avant le début du match, le conseiller municipal PLR Pierre-Antoine Hildbrand a préféré laisser sa police répondre: «Le commandant de la police municipale (ndrl: Olivier Botteron) ainsi que le commandant de la gendarmerie vaudoise se sont concertés quant à la philosophie de l’engagement. Le conseiller municipal a ensuite été informé par le commandant de la police municipale.»

Enquête et auditions

Pierre-Antoine Hildbrand l’affirmait le week-end de l’Ascension: tout sera fait afin d’identifier les organisateurs de ce match illégal pour les dénoncer à la justice. Deux semaines plus tard, où en sont les investigations? «Elles se poursuivent sous la conduite du procureur du Ministère public, indique Alexia Hagenlocher, attachée de presse de la police lausannoise. Des auditions vont être effectuées et une communication officielle sera transmise aux médias dès que l’avancée de l’enquête le permettra.»

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