Manif à Jérusalem«Netanyahou a échoué et il nuit au pays»
De nombreux manifestants sont descendus dans la rue mercredi, appelant le Premier ministre israélien à mettre fin à la guerre.
Munis de tambours et de cornes de brume, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi près de la résidence privée du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, à Jérusalem, pour protester contre sa politique qu’ils jugent antidémocratique.
«Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire», scandaient certains manifestants, quand d’autres appelaient à la démission du Premier ministre. «Tu es le chef, c’est toi qui es responsable de cette catastrophe», criaient-ils, faisant référence à sa responsabilité à empêcher l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël, qui a déclenché, le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza. De nombreux manifestants portaient des banderoles appelant à la fin de la guerre et à la libération des otages.
«Priorité aux otages»
«Nous voulons qu’il (ndlr: Netanyahou) sache que la chose la plus importante est de récupérer les otages», a déclaré Nehama Krysler, 67 ans, pour expliquer sa présence à la manifestation. En donnant son feu vert à l’opération nocturne, les proches des otages estiment que le Premier ministre a «sacrifié» les captifs qui ont peut-être été aussi victimes des bombardements.
Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque du Hamas, le 7 octobre, 58 restent retenues en captivité à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Domicile de Netanyahou sous protection
Arrivés de tout le pays, les manifestants ont marché dans les rues de Jérusalem dès le matin. Ils se sont rassemblés devant le parlement puis se sont assis dans la rue Azza (Gaza en hébreu), aussi près que possible de la résidence de Netanyahou, protégée par les forces de sécurité présentes en nombre. La police a annoncé l’arrestation de quatre manifestants qui tentaient de franchir les barrières autour de la zone du rassemblement.
La manifestation – à l’appel d’une large coalition de groupes opposés à Netanyahou – a été organisée pour protester contre la décision du Premier ministre de limoger Ronen Bar, le patron du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure.
Un projet de réforme judiciaire, visant à rogner les prérogatives de la Cour suprême, avait provoqué, début 2023, une mobilisation monstre qui avait divisé le pays. «Ils veulent encore changer le système judiciaire parce qu’ils veulent pouvoir faire ce qu’ils veulent sans aucune limite», a expliqué Raffi Lipkin, 76 ans, venu de Tel-Aviv. «Notre démocratie est menacée par ce gouvernement», ajoute-t-il.
«Gouvernement illégitime», selon Yaïr Lapid
Le chef de l’opposition et ex-Premier ministre, Yaïr Lapid, s’est joint à la mobilisation, affirmant qu’il était «venu dire au monde ce qui arrive à notre démocratie». Auparavant, il avait dénoncé un gouvernement «illégitime». «C’est pour cela que nous sortons dans les rues», a-t-il écrit sur X.
Soulignant que le Premier ministre refuse l’idée d’une commission d’enquête d’État sur les événements du 7 octobre, l’ancien député Eyal Ben-Reouven a affirmé que Netanyahou devait démissionner. «Il a échoué et, en restant au pouvoir, il nuit au pays et à ses citoyens», a-t-il affirmé.
Plus tôt dans la matinée, Roni Sharon, une jeune fille de 18 ans, avait confié avoir séché ses cours pour venir à la manifestation pour empêcher que «ce pays devienne une dictature». «J’ai un examen du baccalauréat dans quelques semaines, il y aura des questions sur l’État de droit. J’aimerais bien que Benyamin Netanyahou le passe aussi pour voir s’il l’a», avait lancé la lycéenne.