Manifestations en TurquieUn journaliste suédois emprisonné, selon son employeur
Le journaliste suédois Joakim Medin a été arrêté jeudi à son arrivée en Turquie, où il devait couvrir les manifestations secouant le pays.

Le journaliste suédois Joakim Medin à Kameshli, en Syrie, le 22 février 2015.
AFPLe journaliste suédois Joakim Medin, arrêté jeudi à son arrivée en Turquie où il devait couvrir le mouvement de contestation contre l’arrestation du maire d’Istanbul et opposant numéro 1 du président Erdogan, a été placé en détention, a indiqué Andreas Gustavsson, le rédacteur en chef de son journal, «Dagens UTC», vendredi soir à l’AFP.
Prié de dire s’il avait été incarcéré, il a répondu dans un message: «C’est correct», ajoutant, «nous n’avons pas été informés des accusations qui le visent». Des médias turcs affirment qu’il est accusé d’avoir «insulté le président» turc Recep Tayyip Erdogan et d’être «membre d’une organisation terroriste armée». «Je sais que ces accusations sont fausses, 100% fausses», a dit Andreas Gustavsson sur son compte X.
Interrogatoire
«Nous prenons toujours très au sérieux la détention de journalistes. Nous avons appris qu’un journaliste suédois a été arrêté en raison de son entrée en Turquie», a écrit à la mi-journée la ministre suédoise des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard sur X.
«Il se porte bien compte tenu des circonstances. Nous savons où il se trouve et ce qu’il faut faire», a précisé dans l’après-midi à la radio suédoise Ekot Svante Liljegren, chef de l’unité consulaire du ministère des Affaires étrangères.
«Ils m’emmènent pour m’interroger», avait écrit le journaliste dans un message reproduit par le rédacteur en chef de «Dagens ETC» sur le site internet du journal. Andreas Gustavsson avait alors précisé ne pas avoir de nouvelles de son journaliste depuis 24 heures. «Nous avons choisi de rendre cela public. Parce que Joakim doit être libéré. Parce que la liberté de la presse est attaquée», écrit-il.
RSF dénonce
«RSF dénonce l’interpellation du journaliste suédois du quotidien ’Dagens ETC, Joakim Medin, le 27 mars, à son arrivée en Turquie où il devait couvrir les manifestations secouant le pays. Il doit être libéré et être libre de faire son travail d’information dans le pays», a également réagi vendredi Erol Önderoglu, le représentant de Reporters sans Frontières (RSF) en Turquie.
L’ONG classe la Turquie à la 158e place sur 180 de son classement de la liberté de la presse dans le monde.
Les autorités turques sont confrontées à une vague de manifestations inédites depuis douze ans, déclenchées par l’arrestation le 19 mars du maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Près de 2000 arrestations
Elles ont interdit les rassemblements dans plusieurs grandes villes du pays et ont indiqué avoir arrêté près de 2000 personnes depuis le début du mouvement de contestation.
Plusieurs journalistes turcs ont été arrêtés ces derniers jours pour avoir couvert ces manifestations, dont le photographe de l’AFP Yasin Akgül, libéré jeudi. Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu lui aussi couvrir les manifestations dans le pays.