Reclassification des médicaments: qui dit vrai sur les surcoûts?

Actualisé

Médicaments en SuisseOrdonnances: guerre des coûts après un changement de règle

La reclassification de médicaments, il y a quelques années, a occasionné de gros surcoûts, selon l'industrie pharmaceutique. L'OFSP conteste les chiffres.

Les pharmaciens sont en première ligne pour informer les patients sur les règles de remise de médicaments.

Les pharmaciens sont en première ligne pour informer les patients sur les règles de remise de médicaments.

20min/Taddeo Cerletti

On aurait pu éviter des surcoûts pour l'assurance maladie de 24 millions par an si l'on n'avait pas fait ce changement de règle. Ou est-ce plutôt 100 millions par an? L'association des entreprises pharmaceutiques de Suisse Vips a avancé cette semaine des chiffres quatre fois supérieurs à ceux de l'OFSP fin février. On parle ici de la reclassification des médicaments. Tous sont rangés dans des catégories restreignant plus ou moins leur accès.

En 2019, la catégorie C (remise sur conseil d’une personne exerçant une profession médicale) a été supprimée. La très grande majorité des 650 médicaments qui s'y trouvaient ont été rétrogradés dans la catégorie D (remise sur conseil, comme pour le Dafalgan). Mais 15% d'entre eux ont été reclassés en catégorie B (remise sur ordonnance). C'était notamment le cas de somnifères ou de certains médicaments contre la toux.

La règle voulait que ces médicaments reclassés pouvaient continuer à être vendus sans ordonnance aux patients, mais pas tout le monde ne l'a su et nombreux sont ceux qui ont consulté leur médecin pour obtenir l'ordonnance. «Même dans l'hypothèse conservatrice d'un coût de 50 fr. par consultation, la part accrue des prescriptions sur ordonnance a entraîné des dépenses supplémentaires énormes», selon la Vips.

L'OFSP a mené son analyse. «L'estimation de la Vips d’un surcoût de 100 millions n’a pas pu être confirmée», dit l'Office. Plutôt que d'aller chez le médecin, les patients se sont souvent rabattus sur des substituts ne nécessitant pas d'ordonnance. Il a été constaté que les médicaments reclassés en catégorie B ont tout simplement été beaucoup moins vendus, d'autant que leur prix a augmenté. Le surcoût dû aux consultations médicales est de maximum 24,5 millions, selon l'OFSP.

Qui que ce soit qui ait raison, il faut relativiser. Si ces coûts avaient été évités, chaque Suisse aurait fait une économie sur sa prime de 20 à 90 centimes par mois.

Des mesures pour alléger la facture

Bien que 24,5 millions de francs, sur les 40 milliards à la charge de l'assurance maladie de base par année, ce n'est pas grand chose, l'OFSP veut tout de même réagir. «Afin de limiter les effets de cette reclassification, le Conseil fédéral entend prendre des mesures d’optimisation, notamment une sensibilisation des pharmaciens afin de les encourager à faire usage de leur compétence à remettre des médicaments sans ordonnance et d’éviter ainsi des consultations médicales inutiles», informe l'OFSP. Un nouvel étiquetage pour indiquer que le médicament peut être remis sans ordonnance est aussi envisagé.

Ton opinion

70 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé