P+R gratuits le samedi en échange d'une rue Centrale piétonne

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Mobilité à LausanneP+R gratuits le samedi en échange d'une rue Centrale piétonne

Un accord signé entre commerçants et Municipalité veut transformer les automobilistes en piétons pour qu'ils aillent flâner dans les magasins. Il s'inspire d'une étude montrant que c'est sans voiture que les clients dépensent le plus.

La rue centrale ne sera plus accessible aux voitures dès l'année prochaine.

La rue centrale ne sera plus accessible aux voitures dès l'année prochaine.

20min/Marvin Ancian

Dans un bon compromis, personne n'est tout à fait content, ni tout à fait le contraire. Dans le dossier épineux de la voiture à Lausanne, commerçants et autorités ont dévoilé ce mardi un accord de ce type, dans la suite du bras de fer entamé autour de la construction du futur tram Lausanne-Renens.

Flâner pousse à dépenser

Mesure phare du compromis: à partir du 1er juillet, les parking P+R de Lausanne seront gratuits le samedi, y compris les 1200 places souterraines de Vennes, et les automobilistes pourront rester trois heures au lieu de deux sur les places de l'hypercentre. Objectif: favoriser la flânerie en ville, puisqu'une étude sur la mobilité lausannoise, dévoilée également ce mardi, montre que les piétons sont les plus gros dépensiers dans les commerces de la ville. Et ce, non par achat moyen, mais parce qu'ils viennent plus souvent.

«La gratuité le samedi fera perdre à la ville quelques dizaines de milliers de francs par an, et c'est une concession symbolique, concède Florence Germond, Municipale en charge de la mobilité. Mais c'est également une incitation forte pour que les automobilistes laissent leur voiture à l'extérieur de la ville. Ils devront toutefois toujours payer leur billet de bus ou de métro.»

Un secteur en difficulté

En échange, la piétonnisation de la rue Centrale, déjà effective les samedis, a enfin été actée à l'horizon 2025, et la rue Pierre-Viret passera à sens unique et à 30 km/h, avec la création de pistes cyclables.

«L'enjeu est de garder l'équilibre entre accessibilité et convivialité, dans une situation préoccupante pour le secteur du commerce de détail», décrit Pierre-Antoine Hildbrand, Municipal en charge de l'économie. Les emplois de ce secteur ont en effet reculé de 12% en dix ans. Or, l'étude présentée ce jour montre qu'un tiers des automobilistes ne viendraient pas à Lausanne s'ils devaient se passer de leur voiture. «Les piétons lausannois ne remplacent pas ces clients venus de la périphérie, or la santé de nos enseignes en dépend», s'inquiète Anne-Liz Noz, présidente de la société coopérative des commerçants lausannois.

Lausanne aux Lausannois

Pour mettre un terme aux idées préconçues, une étude mandatée par la Ville décortique les habitudes de déplacement au centre-ville. Contrairement à l'estimation des commerçants, seule une minorité des clients se rendent en ville en voiture (entre 16% et 27% selon les panels).

Parmi ceux-ci, un tiers assure qu'il ne serait pas venu s'il avait dû s'en passer, mais un autre tiers indique qu'il aurait pu prendre les transports publics. La nécessité de transporter des achats lourds ou volumineux n'est en effet qu'une raison minoritaire de l'usage de la voiture (19%), au contraire de la rapidité de déplacement (44%), la liberté (39%), la flexibilité (30%) ou le confort (28%).

L'étude montre aussi que les visiteurs du centre-ville résident la plupart du temps à Lausanne (58%), et que c'est aussi le cas de la moitié de ceux qui s'y rendent pour faire des achats. La majorité des visiteurs se dit par ailleurs satisfaite de l'accessibilité piétonne et en transport public, mais critique l'accès à vélo ainsi qu'en voiture. Une minorité conséquente de ces visiteurs juge à la fois qu'il y a trop de voitures en ville, mais aussi trop peu de places de parc.

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