Football – Mondial biennal: «Tout est aligné sur les intérêts commerciaux»

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FootballMondial biennal: «Tout est aligné sur les intérêts commerciaux»

Le secrétaire général du syndicat des joueurs a dénoncé le manque de débats des institutions footballistiques concernant la réforme du calendrier international.

Le président de l’UEFA Aleksander Ceferin et son homologue de la FIFA Gianni Infantino (photo montage).

Le président de l’UEFA Aleksander Ceferin et son homologue de la FIFA Gianni Infantino (photo montage).

Reuters

Le syndicat mondial des footballeurs Fifpro déplore le «manque de vision globale» des institutions du ballon rond sur la réforme du calendrier, en particulier l’idée d’un Mondial biennal, a déclaré son secrétaire général Jonas Baer-Hoffmann, fustigeant des débats «orientés par les intérêts commerciaux».

S’exprimant en visioconférence en marge de la présentation mardi d’un rapport sur les cadences infernales des joueurs professionnels, le dirigeant a appelé de ses voeux une «réforme raisonnable et efficace» pour alléger la charge qui pèse sur les footballeurs, source de risques accrus de blessures.

Le manque de débats sape vraiment nos chances de parvenir à une réforme raisonnable et efficace

Jonas Baer-Hoffmann, secrétaire général de la FifPro

«Il y a un manque absolu de vision globale et de leadership de la part de la plupart des institutions», a estimé Jonas Baer-Hoffmann, alors que la FIFA a engagé un processus de consultations autour d’un doublement de la fréquence de sa compétition reine à partir de 2028, une proposition notamment rejetée par la confédération européenne de football (UEFA).

«Les propositions, qu’elles soient bonnes, mauvaises ou horribles pour le football, donnent lieu à très peu de débats ou de consultations, parce que tout est aligné sur les intérêts commerciaux des différentes compétitions», a-t-il poursuivi. «Cela sape vraiment nos chances de parvenir à une réforme raisonnable et efficace. Nous aimerions vraiment qu’on essaie de distinguer le débat sur le calendrier et celui sur les compétitions, qui sont très différents.»

«Condenser les fenêtres internationales»

Le débat autour du calendrier international et d’une Coupe du monde tous les deux ans a été relancé ces dernières semaines par l’ex-entraîneur Arsène Wenger, directeur du développement de la FIFA. Ce dernier préconise une compétition de sélections chaque année, en alternant Mondial et compétitions continentales, tout en regroupant les qualifications sur le seul mois d’octobre, ou en octobre et en mars. Un rapport complet doit être publié par la FIFA en novembre, avant un «sommet global» d’ici à la fin de l’année.

De son côté, Jonas Baer-Hoffmann s’est montré ouvert à l’idée de «condenser les fenêtres» internationales pour réduire les déplacements et donc la fatigue des joueurs. «Nous devons encore regarder cela et l’analyser (...) mais réduire le nombre de fenêtres serait positif», fait-il valoir.

Manque de récupération

Le secrétaire général de la Fifpro met toutefois en garde contre un Mondial biennal qui verrait les mêmes grandes nations se qualifier à chaque fois, sans autres compétitions parallèles pour permettre aux «plus petites nations» de se développer.

Le rapport publié mardi par la Fifpro, élaboré par le cabinet KPMG sur un échantillon de 265 joueurs masculins, fait état d’une augmentation du nombre de matches disputés tous les trois ou quatre jours: les joueurs les plus exposés, à savoir les internationaux évoluant dans les plus grands clubs, ont joué en moyenne 67% de leur temps de jeu annuel en 2020-2021 avec moins de cinq jours de repos entre deux apparitions, souligne ce rapport.

Néfaste pour le foot féminin

Doubler la fréquence de la Coupe du monde porterait préjudice au foot féminin, affirment lundi l’UEFA, l’Association européenne des clubs (ECA) et plusieurs grandes fédérations dans un texte commun. Le projet «d’organiser tous les deux ans un Mondial masculin et féminin», au lieu de quatre ans aujourd’hui, «aura des conséquences sportives, économiques et sociétales profondément néfastes, qui altèreront le développement du football féminin», prédisent les organisations.

En Europe, la Fédération française de football n’a quant à elle pas signé le texte commun diffusé lundi, à la différence des fédérations anglaise, allemande, italienne, danoise et finlandaise, suédoise, suisse et néerlandaise. Ces dernières estiment que le football féminin perdrait en «viabilité financière» en raison «d’une saturation des marchés» – alors que les grandes phases finales chez les femmes se déroulent actuellement les années impaires, pendant que celles des hommes sont programmées les années paires.

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