Israël interdit à l'agence pour les Palestiniens de travailler

Publié

Nations uniesIsraël interdit à l'agence pour les Palestiniens de travailler

La Cour suprême a validé l'interdiction de travail de l'UNRWA sur le territoire israélien. Une décision compliquée à mettre en place.

Les locaux de l'UNRWA à Jérusalem, où la situation est encore plus complexe.

Les locaux de l'UNRWA à Jérusalem, où la situation est encore plus complexe.

AFP

L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) doit cesser de travailler «sur le territoire israélien» jeudi, un an après l’explosion d’une polémique sur le rôle de certains de ses employés lors de l’attaque du 7-Octobre. Après plus de 75 ans d’existence, et malgré les réserves d’une partie de la communauté internationale, l’UNRWA doit disparaître du paysage israélien, un casse-tête à mettre en œuvre.

Dernier clou dans le cercueil de l’UNRWA, la Cour suprême israélienne a rejeté mercredi la demande de suspension de l’application des lois israéliennes votées fin octobre, visant à mettre fin aux activités de l’agence. La Cour suprême a précisé que les lois ne s’appliquent «qu’au territoire souverain d’Israël», et «n’interdisent pas (l’activité de l’UNRWA) dans les régions de Judée-Samarie (Cisjordanie occupée, NDLR) et dans la bande de Gaza». Mais elle stipule que cela doit être fait sans l’implication de l’État d’Israël.

Droit international

Des employés de l’UNRWA interrogés par l’AFP s’interrogent toutefois sur les modalités d’application des textes. Établie en décembre 1949, l’agence vient en aide aux réfugiés palestiniens, contraints à l’exode après la création d’Israël en 1948. Elle fournit des services publics, en matière de santé et d’éducation notamment, à près de six millions de Palestiniens, dans la bande Gaza, la Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi qu’au Liban, en Syrie et en Jordanie.

À Jérusalem-Est, la situation est singulière. D’un côté, l’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a sommé l’UNRWA de quitter «tous les bâtiments qu’elle [y] utilise d’ici le 30 janvier». Mais dans le camp de réfugiés de Chouafat par exemple, dans la même partie de la ville, l’UNRWA n’entend pas cesser ses activités. Des journalistes de l’AFP ont pour autant constaté qu’elle quittait son complexe de bureaux, également à Jérusalem-Est.

Cette partie de la ville est occupée et annexée par Israël depuis 1967 et n’est pas communément reconnue comme un territoire israélien. «C’est ce que fait l’État d’Israël depuis qu’il existe: créer des faits sur le terrain, coloniser en espérant rendre ces injustices irréversibles et les droits des Palestiniens négociables», commente Inès Abdel Razek, de l’Institut palestinien pour la diplomatie publique (PIPD). Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit regretter une décision «manifestement déraisonnable et contradictoire avec les obligations internationales d’Israël».

Enquête

Pour les dirigeants israéliens, ces lois sont une victoire politique. Selon eux, l’UNRWA a joué un rôle dans l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. «L’UNRWA regorge de membres du Hamas, pas seulement les 19 sur lesquels l’UNRWA enquête (...) mais aussi des centaines d’employés», a déclaré mercredi David Mencer, un porte-parole du gouvernement.

Fin janvier 2024, les autorités israéliennes avaient accusé 12 employés de l’UNRWA d’implication dans l’attaque du 7-Octobre, déclenchant une tempête contre l’agence. Sept autres noms avaient ensuite été ajoutés. Ces accusations avaient poussé d’importants donateurs à suspendre leur financement de l’agence. Une enquête onusienne avait établi en août que seuls neuf membres de son personnel «pourraient avoir été impliqués».

L’ambassadrice par intérim des États-Unis à l’ONU Dorothy Shea a défendu lundi la «décision souveraine» d’Israël, nouvelle manifestation du soutien absolu de l’administration Trump à l'État hébreu.

(afp/jw)

Ton opinion