Naufrage en SicileLe cauchemar de Charlotte, projetée dans la mer avec son bébé
Une Britannique de 35 ans et sa fille âgée de 1 an ont miraculeusement survécu au naufrage du «Bayesian», qui a fait un mort et six disparus.

Charlotte Golunski était en train de dormir sur le pont du yacht avec sa fille Sophia quand tout a basculé.
FacebookDe longues minutes de terreur absolue. Quand le Bayesian a chaviré lundi matin vers 5 h, Charlotte Golunski était en train de dormir sur le pont avec sa fille Sophia. Associée dans une des entreprises de Mike Lynch, la femme d'affaires de 35 ans avait été invitée à bord par le millionnaire. Le «Bill Gates britannique» célébrait sa «deuxième vie», après avoir été acquitté lors d'un procès pour fraude aux États-Unis.
«Ça n’a duré que quelques minutes, le navire a commencé à tanguer puis il s’est dressé verticalement», a raconté la Britannique à «La Repubblica». Dans la panique, la trentenaire est parvenue de justesse à attraper son bébé, âgé de 1 an. «Tout nous est tombé dessus, je me suis retrouvée projetée dans la mer. J’ai perdu ma fille pendant deux secondes mais je l’ai reprise au milieu des vagues déchaînées. Je l’ai serrée très fort contre moi. Tout le monde hurlait, alors que le navire disparaissait dans les vagues noires», a-t-elle témoigné.
Poussée par l'énergie du désespoir, Charlotte s'est efforcée de maintenir la tête de sa fille hors de l'eau. «Je la tenais de toutes mes forces, les bras levés pour lui éviter la noyade», a-t-elle confié. Autour de la trentenaire, tout n'était que chaos et obscurité. «Je n'arrivais pas à garder les yeux ouverts. J'ai crié à l'aide, mais tout ce que je pouvais entendre, c'étaient les cris des autres», souffle-t-elle. Charlotte et Sophia ont finalement été secourues et emmenées sur un canot de sauvetage, comme les treize autres survivants.
Mardi, mère et fille ont pu quitter l'hôpital de Palerme. Elles ont retrouvé leur mari et père, James Emslie, qui se trouvait aussi sur le bateau, mais pas au même endroit. Selon le Dr Domenico Cipolla, chef du Service pédiatrique de l'hôpital pour enfants Di Cristina, le couple «s'est pris dans les bras et s'est consolé l'un l'autre», mais a aussi «pleuré» pour ceux qui sont toujours portés disparus. Parmi eux:
Mike Lynch

Originaire de l’est de l’Angleterre, le «Bill Gates» britannique est à la tête d’une fortune de 500 millions de livres (558 millions de francs). Il a fondé en 1996 Autonomy, éditeur de logiciels devenu un fleuron britannique des technologies, racheté en 2011 par le groupe américain HP pour 11 milliards de dollars. Mais, ces dernières années, l’entrepreneur a surtout fait parler de lui pour l’affaire de fraude qui a suivi cette transaction.
Hannah Lynch
À 18 ans, la fille de Mike Lynch vient de terminer ses examens de fin d’études secondaires et s'apprête à entrer à l'Université d’Oxford.
Jonathan Bloomer et sa femme, Anne Elizabeth Judith Bloomer
Jonathan Bloomer, Britannique de 70 ans, est le président du conseil d’administration de Morgan Stanley International, branche de la banque américaine, et de l’assureur Hiscox, basé aux Bermudes.
Christopher et Neda Morvillo
Christopher Morvillo est un des avocats ayant défendu Mike Lynch dans son procès aux États-Unis, pour le cabinet britannique Clifford Chance. Il se trouvait à bord avec son épouse, Neda.
Un seul décès confirmé
Un seul corps a été récupéré. Il n’a pas été officiellement identifié, mais la presse évoque les noms de Ricardo Thomas ou Recaldo Thomas. Il s’agirait du cuisinier à bord, né au Canada mais citoyen d’Antigua.
Des poches d'air?
La recherche des six disparus a repris mercredi matin. Les plongeurs sont parvenus mardi à entrer dans le voilier, à 50 m de profondeur. Un responsable des garde-côtes avait alors déclaré qu’il était «difficile d’imaginer» que les recherches puissent bien se terminer. Mais les yachts tels que le Bayesian sont conçus avec des portes étanches pouvant créer des poches d’air permettant une chance de survie. «Il est tout simplement impossible de prédire si des poches d’air se sont formées sur le Bayesian», a cependant tempéré Jean-Baptiste Souppez, expert en ingénierie et membre de la Royal Institution of Naval Architects.