Prison Curabilis (Genève)Objectif: «Arriver à 25, voire 30 sorties par an»
Le directeur médical de l'établissement médico-pénitentiaire genevois se livre dans une interview parue dans «La Tribune de Genève».

Photo d'illustration.
KeystonePour le directeur médical de la prison Curabilis, Panteleimon Giannakopoulos, l'établissement genevois qui accueille des détenus dangereux souffrant de troubles psychiatriques ne doit pas être une fin de parcours pour ceux qui s'y trouvent. Le but, selon lui, est de faire sortir les personnes qui le peuvent.
«L'enjeu majeur est de faire de Curabilis un hôpital dont les patients sortent pour rejoindre un milieu ouvert», a souligné le psychiatre dans une interview accordée samedi à la Tribune de Genève. Déjà 12 sorties ont été réalisées à Curabilis cette année. L'objectif serait «d'arriver à 25, voire 30 sorties par an».
Affaire Adeline
Dans un canton de Genève encore marqué par l'assassinat de la sociothérapeute Adeline par un détenu récidiviste, en 2013, ces déclarations peuvent susciter certaines craintes. Panteleimon Giannakopoulos en est conscient. «Il faut éviter les faits divers et donner des garanties de sécurité à une société dont l'inquiétude grandit».
Ces sorties de Curabilis ne concernent pas tous les détenus qui s'y trouvent enfermés. «Chez une minorité (10%), le niveau de psychopathie est trop élevé», a relevé M. Giannokopoulos. Ces personnes retournent en détention et permettent de laisser la place à d'autres au sein de l'établissement pénitentiaire spécialisé.
Deux approches
Pour le psychiatre, la difficulté au sein d'une prison comme Curabilis est de concilier deux cultures très différentes. D'une part, l'approche médico-soignante, où le soin prime, et d'autre part, celle de la détention, où il faut assumer en priorité la sécurité, «en gardant à l'esprit le risque de récidive».
Après des débuts difficiles, Curabilis a trouvé un certain équilibre entre ces deux cultures. Mais il s'agit d'un travail de tous les jours, comme le souligne Panteleimon Giannakopoulos dans l'interview. «Sans surveillance et sans un certain degré de bienveillance, les tensions et les réflexes corporatistes réapparaissent». (nxp/ats)