Journalistes suisses agressés«On a été menacé, bousculé et jeté dehors»
Divers enquêteurs, dont des employés de la télévision tessinoise RSI, ont été attaqués samedi à Carcassone, plus précisément là où vivait Radouane Lakdim, l'auteur des attaques meurtrières dans l'Aude.
Au lendemain des attaques dans l'Aude, ayant fait au total cinq morts, plusieurs journalistes - dont des confrères de la télévision de la Suisse italienne RSI - ont enquêté dans la cité Ozanam, à Carcassone (F). C'est dans ce quartier que vivait l'auteur des attentats, Radouane Lakdim.
Des fleurs en hommage à Arnaud Beltrame. Les circonstances sur sa mort se précisent. Il a été tué par Radouane L. alors qu'il tentait de le désarmer. (Mercredi 28 mars 2018)
KeystoneIls étaient en train d'interroger un voisin du premier étage lorsqu'un jeune s'est approché d'eux avec un trépied à la main.
Contacté ce lundi par «20 minutes», l'un des journalistes tessinois, Davide Mattei, se souvient: «Il est venu et nous a dit: 'casse-toi, casse-toi! Arrête de filmer!'» Et d'ajouter: «On a été menacé, bousculé et jeté dehors. Il a tapé mon caméraman.»
Correspondant en France, Davide Mattei a su garder son calme même si la situation est décrite comme «très tendue» par Marc Dana, journaliste à France 3. «Ce n'était pas la première fois que je vivais une telle situation», explique le Tessinois. «J'avais déjà été agressé par des jeunes près de la maison du terroriste qui avait tué plus de huitante personnes à Nice.» Son caméraman, qui vient d'Espagne, a en revanche été beaucoup plus «choqué» par la situation. «Comme il se faisait taper, il était prêt à taper aussi pour se défendre. Il n'est pas habitué à de telles tensions dans son pays.»
«J'avais déjà une entorse»
L'homme au trépied ainsi qu'un autre jeune ont suivi en voiture les journalistes pendant qu'ils quittaient le quartier. Au final, personne n'a rien eu, précise Davide Mattei. Et de souligner: «Contrairement à ce qui a été dit dans la presse française, je n'ai pas été blessé. J'avais déjà une entorse, c'est pour ça que je marchais lentement.»
Malgré tout ce qui s'est passé, le journaliste tessinois ne pense pas que les hommes voulaient leur faire du mal. Il pointe plutôt le problème des cités et plus précisément le «malaise» qu'il a ressenti dans ce quartier de Carcassone. «C'est un quartier vraiment bizarre. D'un côté, il y a des immeubles et maisons de classe moyenne. Et d'un autre, on trouve des HLM.» Davide Mattei rappelle que ce type d'immeubles abritent de nombreuses personnes défavorisées, en marge de la société. «Il y a un vrai problème en France à ce niveau-là.» Dans ce cas précis, le journaliste pense que les jeunes étaient simplement fâchés de voir des caméras dans leur immeuble. «Voilà pourquoi il est important de garder son calme et de parler avec les gens.»
«Je ne changerai rien»
Dans tous les cas, Davide Mattei ne va pas changer sa manière de travailler. «Je ne changerai rien. Je continuerai à être respectueux envers les gens et je ne me laisserai pas intimider.»
Pour rappel: Radouane Lakdim, l'auteur de trois attaques commises vendredi passé à Carcassone et à Trèbes (sud de la France), a causé la mort de quatre personnes. Il avait entamé vendredi son épopée meurtrière en volant une voiture à Carcassonne, blessant grièvement son conducteur portugais et tuant son passager. C'est en criant «Allah Akbar» qu'il a ensuite surgi et fait feu dans le supermarché Super U de Trèbes, tuant un salarié du supermarché, un client, et blessant mortellement Arnaud Beltrame, avant de mourir dans l'assaut donné par les forces de l'ordre.
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