Ordre du temple solaire: Tabachnik innocenté
Onze ans après la mort de seize membres de l'Ordre du temple solaire (OTS) en France, le chef d'orchestre franco-suisse Michel Tabachnik a été innocenté.
Sa relaxation mercredi par la Cour d'appel de Grenoble met fin à cette saga judiciaire.
Michel Tabachnik, 61 ans, était accusé d'avoir placé, par ses écrits, les futures victimes «dans une dynamique mortifère». «Mon innocence a enfin été reconnue. J'émerge de onze années de cauchemar», a indiqué M. Tabachnik dans un communiqué peu après la décision de la Cour d'appel de Grenoble.
«Michel Tabachnik a été victime d'un incroyable acharnement médiatico-judiciaire qui entendait le lier à la tragédie de l'OTS», écrivent ses impresarios dans le communiqué. Faute d'élucider cette affaire, il fallait un bouc émissaire, soulignent-ils.
La décision de la Cour d'appel de Grenoble devrait mettre un point final à la procédure judiciaire en France, a indiqué à l'ATS Jaen-Franklin Woodtli, l'avocat suisse de Michel Tabachnik. Il a souligné que dès 1996, la justice suisse avait déjà lavé Michel Tabachnik de tout soupçon.
Des élucubrations
Le parquet général de Grenoble avait déjà implicitement abandonné l'accusation. En effet, l'avocat général Jean-Pierre Mélendez avait estimé que le prévenu, seule personne jamais poursuivie dans une affaire qui avait fait grand bruit, n'était pas un membre important de la secte. Michel Tabachnik affirme pour sa part n'avoir jamais été membre de la secte.
En première instance en 2001, devant le tribunal correctionnel de Grenoble, le parquet avait requis cinq ans de prison. L'avocat français du chef d'orchestre, Francis Szpiner, avait demandé la relaxe de son client, expliquant que «les écrits de M. Tabachnik (étaient) un galimatias ésotérique». «Sanctionner les élucubrations de Michel Tabachnik, ce serait sanctionner un délit d'opinion», avait-il souligné.
Cheiry et Salvan
Le 22 décembre 1995, dans une forêt du Vercors, les corps calcinés de seize personnes avaient été découverts sur un bûcher, tuées par balles, et quatre armes retrouvées sur place. Trois enfants d'adeptes se trouvaient parmi les victimes, ainsi qu'Edith et Patrick Vuarnet, l'épouse et le fils cadet de l'ancien champion de ski français Jean Vuarnet.
Au total, entre octobre 1994 et mars 1997, des tueries-suicides de membres de l'OTS ont fait 74 morts. Les massacres ont eu lieu dans trois pays: 5 morts le 30 septembre 1994 à Morin Heights, au Canada, 48 morts les 3 et 4 octobre 1994 à Cheiry (FR) et Salvan (VS), en Suisse, 16 morts le 16 décembre 1995 dans le Vercors en France et enfin 5 morts le 22 mars 1997 à Saint-Casimir, au Canada.
(ats)