Gaza : un frère se bat pour la libération de Guy, otage du Hamas

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Otage à Gaza«J’ai vu comme il est fatigué, déprimé, brisé»

Gal Gilboa-Dalal culpabilise de ne pas avoir été capable de protéger son frère, aujourd'hui aux mains du Hamas et remue ciel et terre pour qu'il soit libéré.

Gal et Guy Gilboa-Dalal étaient ensemble au festival Nova, le 7 octobre.

Gal et Guy Gilboa-Dalal étaient ensemble au festival Nova, le 7 octobre.

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«J’imagine nos retrouvailles en permanence», dit Gal Gilboa-Dalal, en montrant la photo prise avec son frère cadet Guy, le 7 octobre 2023, juste avant que les deux soient séparés. Lui, a échappé au massacre, mais son frère a été enlevé par les commandos du Hamas. Guy Gilboa-Dalal, 23 ans, était au festival de musique Nova, à la lisière de la bande de Gaza, avec son ami d’enfance Evyatar David et les deux sont encore retenus en captivité à Gaza.

Lors de l’attaque du Hamas, ayant déclenché la guerre, 251 otages ont été emmenés à Gaza. Sur ce total, 58 sont toujours en captivité, dont 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne. Plus de 370 personnes ont été tuées au festival, le 7 octobre 2023, par les commandos du Hamas, et 44 pris en otage.

Le 23 février, le Hamas a diffusé une vidéo des deux amis en train de regarder la libération de trois autres otages, ce jour-là. Elle montre les deux hommes regarder depuis une voiture leurs camarades qui sont à quelques mètres. On les entend supplier d’être libérés.

«J’ai vu comme il est fatigué, déprimé, brisé», dit Gal Gilboa-Dalal, 30 ans, regardant la vidéo, premier signe de vie de son frère depuis les images du 7-Octobre, où on le voit avec son ami dans la bande de Gaza, sous la menace des armes de leurs ravisseurs.

«Ils nous ont dit qu’ils ne recevaient qu’un bout de pain pita par jour»

Gal Gilboa-Dalal

À la faveur de la dernière trêve (ayant duré du 19 janvier au 17 mars), les familles des deux captifs ont obtenu des informations sur leurs proches par des otages libérés ayant vécu avec eux dans un tunnel de Gaza. «Ils nous ont dit qu’ils ne recevaient qu’un bout de pain pita par jour et qu’ils avaient passé neuf mois dans le même tunnel sans en sortir. Un tunnel très étroit où ils vivent, dorment, mangent et boivent», raconte M. Gilboa-Dalal.

Face à la rupture de la trêve par Israël le 18 mars et l’échec des négociations en vue d’une extension du cessez-le-feu qui permettrait de nouvelles libérations d’otages (en échange de celle de Palestiniens détenus par Israël), Gal Gilboa-Dalal ne cache pas son anxiété.

«Je suis terrifié que ces bombardements et cette opération (...) mettent en péril les otages»

Gal Gilboa-Dalal

«Nous luttons contre une organisation terroriste qui ne comprend que la force. D’un autre côté, je suis terrifié que ces bombardements et cette opération (...) mettent en péril les otages. Il n’y a aucun moyen de savoir ce que les terroristes pourraient leur faire ou si un missile les frappe accidentellement», explique-t-il.

Ilay David, le frère d’Evyatar David, partage les mêmes inquiétudes. «Que leur est-il arrivé quand la caméra s’est éteinte? Quelle nouvelle forme de torture les terroristes ont-ils choisi? Ont-il été remis dans le même tunnel ou ont-ils été séparés?» demande-t-il.

Les deux frères partagent aussi un sentiment de culpabilité de ne pas avoir protégé leurs cadets. «Dans ma vie, je n’ai jamais eu aussi peur, jamais été autant en colère, jamais été autant frustré. Je sentais que tout s’effondrait sous mes pieds. C’était comme si j’avais échoué, j’étais censé protéger mon petit frère et j’ai échoué,» dit Ilay David à l’AFP, quelques minutes avant de prendre la parole en public, à Jérusalem, lors d’un rassemblement pour la libération des otages.

«Tous les jours, je pense au moment où il sera libre, ça me donne de la force»

Ilay David

«Pour moi [...] le pire [c’est que] je suis venu au festival pour veiller sur lui et je suis reparti sans lui. C’est une horrible sensation d’impuissance qui perdure», renchérit Gal Gilboa-Dalal. Gal Gilboa-Dalal et Ilay David se consacrent à plein temps au combat pour la libération de leurs frères et gardent l’espoir de les voir revenir en vie. «J’imagine nos retrouvailles en permanence. Guy ne sait pas que j’ai survécu à Nova (...) le retrouver sera tellement émouvant», dit Gal Gilboa-Dalal, dans un bref sourire.

«Tous les jours, je pense au moment où il sera libre, ça me donne de la force», dit de son côté Ilay David. Lors du rassemblement à Jérusalem, M. David s’adresse au public et leur demande de «fermer les yeux un moment». «Fermez les yeux et imaginez Guy et Evyatar de retour avec leurs parents, avec leurs frères, et envoyez-leur des forces. Des forces pour survivre, et surtout pour ne pas perdre espoir».

(afp/mc)

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