Outrage au drapeau suisse«Imposer l'amour de la patrie est la panacée des dictatures»
Le National a refusé une initiative parlementaire d'un élu UDC qui demandait de punir «dans tous les cas» l'outrage au drapeau suisse et aux autres emblèmes helvétiques de souveraineté.

Actuellement, si on dégrade le drapeau suisse qui flotte sur le Palais fédéral, on risque une condamnation. Mais pas si on le brûle sur la Place fédérale.
© Andreas Haas / Imago imagesC'est un sujet touchant au patriotisme qui a été débattu au National mardi. En effet, le député Jean-Luc Addor (UDC/VS) défendait une initiative parlementaire qui voulait punir pénalement tout outrage au drapeau suisse et aux autres emblèmes suisses de souveraineté. Son texte a été refusé par 115 voix contre 68.
«Aujourd'hui, le Code pénal punit celui qui a dégradé ou outragé un emblème suisse, notamment le drapeau de la Confédération», a expliqué le Valaisan. Il ne le fait toutefois que lorsque l'emblème est arboré par une autorité. «Ainsi, si je brûle le drapeau suisse qui flotte sur le Palais fédéral, je risque une condamnation pénale. Mais si je brûle ce même drapeau sur la Place fédérale, je ne risque rien.» Il voulait donc que cet acte soit punissable dans tous les cas, comme c'est le cas en Autriche, en Espagne ou en Italie, selon lui.
Jean-Luc Addor justifiait son texte par le fait que la Valaisanne Mathilde Moret, coprésidente des femmes socialistes, avait publié le 1er Août dernier sur les réseaux sociaux une photo d'elle faisant un doigt d'honneur au drapeau suisse avec un commentaire par lequel elle disait que «tous ces drapeaux suisses la faisaient gerber».
«Il existe des citoyens qui n'aiment pas notre pays»
Il était soutenu par Roger Golay (MCG/GE). «Tous les outrages au drapeau doivent être sanctionnés, parce qu'ils choquent tout autant une large majorité de la population quand ils sont portés par une main officielle que lorsqu'ils le sont de manière privée», a-t-il lancé. «Ce n'est pas l'officiel qui est visé; c'est le symbole véhiculé par le drapeau, à savoir notre patrie et notre système démocratique», a-t-il poursuivi dans une ode aux valeurs suisses.
Il a été douché dans ses ardeurs par Philippe Nantermod (PLR/VS). «Même si c'est malheureux, il existe des citoyens qui n'aiment pas notre pays. Mais j'ai l'intime conviction que la coercition pour imposer l'amour de la patrie est la panacée des dictatures et des autres régimes tyranniques», a-t-il lancé. Pour lui, dans une démocratie comme la Suisse, «l'expression bête et méchante contre le drapeau n'est qu'une manière idiote d'exprimer une colère qui est permise». Et de conclure: «Les grandes démocraties se reconnaissent par leur capacité à tolérer la contestation sans avoir besoin de restreindre les libertés individuelles, même face à quelques agités.»