Féminicides en Suisse: un premier pas vers des statistiques

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ParlementBerne avance d'un orteil vers une statistique des féminicides

Alors qu'aucun recueil chiffré des cas d'homicides sexistes n'existe en Suisse, une proposition qui ouvre la voie en ce sens a été acceptée.

Le postulat de la Verte bâloise Sibel Arslan ouvre la voie à une possible création de statistiques spécifiques au féminicide.

Le postulat de la Verte bâloise Sibel Arslan ouvre la voie à une possible création de statistiques spécifiques au féminicide.

Parl.ch

En comparaison aux clameurs des grèves féministes et des appels de chercheurs sur le sujet, la proposition est timide. Mais elle a eu le mérite de recueillir une majorité au Conseil national: la Verte bâloise Sibel Arslan l'a convaincu de «charger le Conseil fédéral de réaliser une étude de faisabilité, pour voir comment appliquer les recommandations de l'ONU sur la tenue de statistiques sur les féminicides en Suisse». Par cette tournure alambiquée, c'est donc un tout premier pas au Parlement, qui ouvre la voie, possiblement, à la production de chiffres en la matière.

Nationalité en question

«Chaque jour, des femmes et des filles du monde entier perdent la vie à cause de la violence sexiste, une réalité cruelle qui est souvent masquée par des chiffres et des statistiques inadéquats. Les féminicides, c’est-à-dire les meurtres de femmes et de filles en raison de leur sexe, ne sont pas seulement des tragédies individuelles, mais aussi l’expression d’inégalités sociales et de violences structurelles», a plaidé l'élue. Qui a rappelé qu'en Suisse, on estime qu'une femme toutes les deux semaines en est victime.

Le débat s'est dirigé sur la nationalité des auteurs, sur demande de plusieurs élus UDC. «Je comprends que votre question signifie que vous considérez que la violence exercée par des étrangers est pire que la violence exercée par des non-étrangers, a réagi Sibel Arslan. Mais si vous soutenez réellement cette cause et souhaitez obtenir vos chiffres, vous devriez soutenir la proposition.»

«Mme Arslan a raison: nous disposons également de trop peu d’informations sur les crimes violents, selon l'UDC zurichoise Barbara Steinemann. Ni les nationalités ni les motivations ne sont réellement enregistrées, traitées et évaluées de manière indépendante de l’idéologie qui implique que tuer une femme est pire que tuer un homme ou un enfant».

À noter qu'une étude dans le cadre des statistiques habituelles d'homicides sera publiée d'ici à la fin de l'année, précise le Conseil fédéral.

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