Valais«Parler allemand équivaut à obtenir un bachelor»
Conseiller d’État en charge de la formation, Christophe Darbellay est un convaincu de l’importance des échanges linguistiques en immersion. Il souhaite en doubler le nombre.

Actuellement, quelque 362 étudiants suivent une filière bilingue dans l’un ou l’autre des deux collèges de Sion.
Chantal Dervey/24 heures/ALe Valais est le canton où le taux d’élèves effectuant au moins un échange linguistique durant son cursus scolaire est le plus élevé du pays. Le canton vise toutefois à doubler cette part actuelle de 10% (3% au niveau suisse).
«Pendant de longues années, le canton n’a pas fait grand-chose en matière de bilinguisme», admet le conseiller d’Etat Christophe Darbellay. «Personnellement, ça fait trente ans que je prétends que l’immersion est le meilleur moyen pour parfaire ses connaissances en vivant dans une famille d’accueil et en y étudiant. Pour la génération actuelle, cette approche est de plus en plus entrée dans les mœurs.» À tel point que depuis une dizaine d’années, la proportion de séjours linguistiques a déjà doublé, à l’instar des échanges avec le Haut-Valais.
«Une superbe expérience humaine»
«Au Collège de Brigue, 12% des élèves sont issus du Valais romand. Pour la majorité, ils viennent y suivre leur troisième année du Cycle. Actuellement, près de 75% d’entre eux (25/33) choisissent de terminer leur cursus dans le Haut-Valais. Les collèges de Gampel et de Viège connaissent également un franc succès en la matière. Au Cycle d’orientation, 82 francophones actuellement étudient dans le Haut-Valais et 62 Alémaniques dans le Valais romand.
Céline Carron a vécu cette expérience en immersion, il y a quinze ans, au sein du CO de Brigue-Glis. «Ce fut une superbe expérience humaine, loin de la maison, rigole la Bagnarde. Au terme de mon année scolaire, j’avais pu obtenir un certificat d’allemand niveau B1. Clairement, j’ai nettement pu améliorer mes connaissances, mieux que si j’étais restée dans le Bas-Valais. Encore aujourd’hui, je me débrouille pas trop mal.»
Le boom des classes bilingues
Depuis 1994, les collèges valaisans ont progressivement créé des filières bilingues français-allemand. Celles-ci connaissant tellement de succès, le nombre d’étudiants intéressés est supérieur à l’offre. Conscient de cette réalité, le Département de la formation souhaiterait augmenter le nombre de ces classes. Mais, il se heurte à une difficulté: le nombre limité de professeurs intéressés à enseigner la géographie, l’histoire ou les sciences dans la langue de Goethe. «Parler allemand, cela équivaut à obtenir un bachelor. Cela permet d’augmenter ses opportunités professionnelles», estime Christophe Darbellay.
«Aux Creusets, près de 18% de nos élèves (232) en classes sont bilingues», confirme son recteur, Christian Wicky. «Nos étudiants estiment que suivre quelques cours en allemand offre, au bout de cinq ans de collège, un joli bénéfice final», ajoute son adjoint Damien Gollut. Par ailleurs, une vingtaine de jeunes Sédunois ont choisi de partir étudier à Saint-Gall durant un an. En contrepartie, le lycée accueille de petits Brodeurs. Du côté du Collège de la Planta, toujours à Sion, 130 élèves (près de 13% du total) suivent un surplus de cours en allemand.
Enfin, depuis la rentrée 2014, une filière français-anglais est proposée aux étudiants du Collège de Saint-Maurice. Elle est suivie par 315 adolescents, soit le 27% des élèves.
Un baromètre du bilinguisme
Dans la conférence de presse du jour, les autorités des districts de Sierre et de Loèche (62 000 habitants au total) ont annoncé vouloir mettre en œuvre des mesures concrètes dans les domaines de la formation, de l’économie, de la mobilité ou encore de la culture. En toile de fond, l’instauration d’une identité régionale et bilingue, réunissant ces deux voisins. Afin d’entamer le processus, les citoyens adultes des deux districts et leurs résidents secondaires ont jusqu’au 5 novembre pour répondre à un sondage en 44 points.
Vers une région à 22 communes?
En cas d’acceptation de la nouvelle Constitution cantonale, le Valais compterait alors non plus 13 districts mais 6 régions. Préfet du district de Sierre, Jean-Marie Viaccoz se dit «ouvert» à une région englobant le district de Loèche. Pour son collègue, Edy Kuonen, l’avenir «pourrait s’écrire tant avec Sierre qu’avec Viège». Aujourd’hui, près de 12% de francophones vivent dans la région de Loèche et 9% de germanophones vivent à Sierre et ses environs.