PsychiatriePédophilie: un nouveau programme de thérapie en Suisse
Quatre institutions psychiatriques – à Genève, Bâle, Zürich et Frauenfeld – spécialisées dans la pédophilie s’unissent pour mettre en place un réseau de prévention à l’échelle nationale.

Le film «The Woodsman» (Nicole Kassell, 2004) aborde le thème de la pédophilie, à travers le retour de prison du personnage Walter (joué par Kevin Bacon).
imago images / United ArchivesEn Suisse, près de 30 000 adultes présentent une attirance sexuelle pour les enfants, écrit le «TagesAnzeiger» dans un article paru ce mardi. Désignant à la fois une orientation sexuelle et un diagnostic psychiatrique, la pédophilie va faire l’objet d’une offre thérapeutique et d’une prévention plus globale en Suisse. Quatre institutions psychiatriques prévoient en effet de travailler conjointement, et une association devrait voir le jour fin mai.
Le projet s’inspire du plus grand réseau de prévention du monde «Kein Täter werden» – «Ne pas devenir un délinquant» en français – lancé en 2005 à Berlin et désormais implanté dans douze villes allemandes. Depuis sa création, plus de 11 000 pédophiles ont déjà suivi une thérapie.
Prévenir le passage à l’acte
«Nous devons faire en sorte que les patients ne passent pas à l'acte.» déclare Maximilian von Heyden, du centre d'accueil de Berlin, et chargé de développer le réseau suisse. Le but n’est pas de «guérir» la pédophilie, précise-t-il. Il s’agit d’assurer un «contrôle comportemental», une orientation sexuelle ne pouvant être changée. Le Service de Prévention suisse de la criminalité (PSC) rappelle que la pédophilie n’a «aucune conséquence pénale aussi longtemps que la personne ne donne pas suite à son attirance sexuelle».
«Au début, les personnes qui s'engagent dans ce type de thérapie doutent souvent de son utilité», indique Marc Graf, directeur de la clinique médico-légale des Cliniques psychiatriques universitaires de Bâle. Mais, «quand on voit que cela profite à ceux qui sont là depuis plus longtemps, cela aide», continue-t-il. Ainsi, la thérapie devrait être menée en groupe pour plus d’efficacité, précise les experts dans le quotidien zurichois. C’est le cas dans le cadre de «Kein Täter werden».
Pour le moment, le projet suisse porte le nom provisoire «Kein Täter werden Suisse». Les lieux exacts de la thérapie et la contribution financière des cantons ne sont pas encore connus.
Un postulat pour prévenir la pédophilie
En Suisse, l'appel à une amélioration des services thérapeutiques n'est pas nouveau. En 2016, les conseillers nationaux Natalie Rickli (UDC) et Daniel Jositsch (PS) avaient demandé la mise en place d’un projet de prévention inspiré de «Kein Täter werden» à travers un postulat. En réponse à ce dernier, le Conseil fédéral a adopté le rapport «Offres de prévention destinées aux personnes attirées sexuellement par les enfants » le 11 septembre 2020.