«Pour savoir désobéir, il faut avoir de l'expérience»

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«Pour savoir désobéir, il faut avoir de l'expérience»

Refus d'ordre en cas de risque trop élevé? Possible, admet le chef de l'armée après le drame de la Kander. Encore faut-il oser...

«Dans le contexte de l'armée, ce message est paradoxal puisque l'obéissance est érigée en valeur qui tient du respect.» Philosophe et chroniqueur, Jean Romain se montre sceptique face aux propos de Roland Nef.

Interrogé mardi soir sur la télévision alémanique SF en marge du drame de la Kander, le chef de l'armée a affirmé qu'il ne voulait pas de Rambos dans ses troupes. «Un soldat doit désobéir à un de ses supérieurs lorsqu'un exercice lui semble trop risqué», a-t-il estimé. Tout en niant par ailleurs que, dans l'armée, la pression du groupe soit trop grande pour empêcher un tel courage de ses opinions.

«Pour pouvoir désobéir, il faut avoir une structure intérieure forte qui permette une appréciation adéquate de la situation, rétorque Jean Romain. On n'apprend pas à désobéir et à être malin. Cela ne s'acquiert qu'avec l'expérience. Or, celle-ci fait défaut chez un jeune soldat.» Le philosophe parle dans le cas évoqué par Roland Nef de «désobéissance intelligente».

Refus d'ordre mis à part, le chef de l'armée a critiqué à demi-mot l'exercice qui a fait quatre morts et un disparu le 12 juin sur la Kander. «Que faisait une compagnie des forces aériennes à bord d'un canot pneumatique sur une rivière?» a-t-il demandé. Avant de confirmer qu'il allait interdire les exercices qui ne font pas partie des tâches principales d'une compagnie. Le matériel est à cet égard décisif, selon Roland Nef: si une compagnie commande pour un exercice du matériel qui n'est pas habituel, une analyse de risques doit avoir lieu.

Elisabeth Foster/ats

Le bureau est aussi risqué que l’armée

Est-ce que l’armée suisse est dangereuse? C’est la question que soulèvent l’accident mortel de la Jungfrau l’année dernière et celui de la Kander récemment. Selon une statistique de la Suva, publiée

dans la «Berner Zeitung», la vie civile serait tout aussi risquée que le quotidien sous les drapeaux. En 2006, la Suva a dénombré 64 accidents pour 1000 assurés dans le domaine civil, contre 40 cas dans le domaine militaire.

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