Berne: Pourquoi ne pas «délocaliser» nos détenus étrangers? L’UDC y songe

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BernePourquoi ne pas «délocaliser» nos détenus étrangers? L’UDC y songe

Un parlementaire s’intéresse à une méthode danoise pour réduire les coûts de détention. Une proposition dangereuse et irresponsable, estime un collègue.

La plupart des cantons rencontrent un problème de surpopulation carcérale, déplore Michaël Buffat.

La plupart des cantons rencontrent un problème de surpopulation carcérale, déplore Michaël Buffat.

20min/Marvin Ancian

Lorsqu’elle a été mise en place au Danemark, cette idée avait déjà fait polémique: un accord a été passé en 2022 avec le Kosovo, prêt à accueillir quelque 300 détenus pour 15 millions d’euros par an.

Pour Michaël Buffat, conseiller national UDC, il y a quelque chose à creuser: pourquoi ne pas «délocaliser» une partie des détenus suisses dans d’autres pays? «Ce serait une façon intelligente de soulager les cantons face à la hausse de la population carcérale en Suisse, et de réduire sensiblement les frais, au moins de moitié, puisqu’un détenu coûte environ 130’000 fr. par an en Suisse», estime le Vaudois. Il a donc déposé une question orale au Conseil fédéral pour savoir si l’idée y a déjà été évoquée et ce qui en serait ressorti.

«Comme notre population carcérale est déjà majoritairement étrangère, elle ne serait pas trop désorientée de se trouver à l’étranger, poursuit Michaël Buffat. Et pour les criminels qui doivent être expulsés à la fin de leur peine, qui seraient prioritaires, le message est clair: leur avenir n’est pas en Suisse.» Il évoque d’ailleurs l’idée d’envoyer ces derniers purger leur peine dans leur pays d’origine.

«On ne va pas exporter nos retraités aussi, ou bien?»

À gauche, cette idée fait sauter au plafond, et même au centre, elle ne convainc pas. Son collègue Vert’libéral François Pointet, membre de la Commission de la politique de sécurité du National, la juge pour le moins étrange. «Nous avons une responsabilité en tant qu’État que la détention se passe bien. À l’étranger, il existe d’autres lois et d’autres méthodes, et nous n’avons pas de contrôle sur ce qui se passe dans les cellules. Ce serait dangereux et irresponsable dans une optique de respect des droits de l’homme.» Questionné sur le problème de la surpopulation carcérale et des coûts, le Vaudois assène: «C’est notre problème, c’est à nous de le régler. On ne voudrait pas exporter nos retraités, ou bien?»

Il rappelle toutefois que la possibilité existe déjà, sur demande du détenu, d’effectuer sa sanction dans son pays. «Mais ça ne peut pas être automatique. Ce serait inhumain, dans certains cas cela reviendrait à les condamner à mort.»

Le Conseil fédéral donnera sa réponse lundi lors de l’heure des questions, et selon ce qui en ressort, Michaël Buffat indique qu’il décidera alors de la suite à donner au projet.

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