ValaisProduction de vaccins: Lonza serait à la limite
Pression folle, employés épuisés, ambiance tendue: la firme de Viège, qui produit la substance active du vaccin Moderna, serait au bout de ses capacités.

La nouvelle usine, Ibex, de Lonza qui sera dévolue au vaccin.
AFPLe monde entier a les yeux rivés sur l’entreprise Lonza à Viège (VS). En effet, elle produit la substance active du vaccin Covid-19 de Moderna. Mais le sous-traitant valaisan serait sous une pression folle, une pression qui pousse l’entreprise dans ses derniers retranchements, indique le «Tages-Anzeiger» vendredi.
Le quotidien zurichois évoque un récent article du Walliser Bote qui relayait des témoignages d’employés. Selon le média valaisan, il y aurait des problèmes dans la production. La situation serait difficile, confuse, avec une mauvaise coordination et une ambiance tendue. La pression serait si forte que les spécialistes recrutés s’en iraient et qu’il faut faire venir du personnel d’autres départements pour assurer la production. Bref: Lonza serait à la limite de ses capacités. L’article a inquiété jusqu’au Conseil fédéral qui aurait demandé à la firme si elle avait besoin d’aide. Une offre qu’aurait déclinée Lonza.
Le Tagi a du coup enquêté et le quotidien constate bel et bien les soucis relevés par le média valaisan. Il voit quatre problèmes principaux. Le premier concerne la montée en puissance de la production. Lonza produit actuellement le principe actif du vaccin Moderna dans une petite installation à côté de l’usine existante. Pour atteindre l’objectif de produire 800’000 doses par jour, l’entreprise finalise une installation ultramoderne, l’Ibex building, située à l’extrémité ouest du site. Une construction très complexe qui s’est faite dans l’urgence et qui a mis les nerfs à rude épreuve. Swissimedic vient d’accorder la licence d’exploitation pour la production de la substance active. Lonza doit maintenant se dépêcher de faire tourner à plein régime les nouvelles lignes de production.
Pénurie de personnel qualifié
Autre problème: la pénurie de travailleurs qualifiés. Comme Lonza a déjà fait passer son site de Viège de 2500 à 4000 employés ces dernières années, le potentiel de personnel qualifié dans la région est pratiquement épuisé. Il faut donc recruter au niveau international, un véritable défi en raison des restrictions de voyage dues au Covid. Et comme la production du vaccin est la priorité absolue, des employés d’autres secteurs sont réaffectés dans ce secteur. Ainsi c’est la pénurie dans les autres secteurs de l’entreprise.
En outre, il y a une forte pression pour atteindre un haut degré de qualité des produits. Selon le «Tages-Anzeiger», Moderna aurait envoyé des contrôleurs pour accompagner de près le personnel et enregistrer leurs mouvements. Du coup, les travailleurs font état d’innombrables heures supplémentaires, passant d’un travail de jour à un travail de nuit. En clair: ils sont épuisés.
Enfin dernier problème: Lonza est en pleine restructuration. L’entreprise a annoncé en effet en février qu’elle vendait sa division de produits chimiques spécialisés aux sociétés d’investissement Bain Capital et Cinven pour 4,2 milliards de francs. Cette mesure touchera environ 700 employés à Viège. Ce remaniement mobiliserait une partie du personnel et de l’énergie nécessaire à la production de vaccin.