Une communauté de vignerons romands introduit des bouteilles de vin réutilisables

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Projet piloteUne communauté de vignerons romands introduit des bouteilles de vin réutilisables

Dans le canton de Vaud, huit viticulteurs et viticultrices veulent bouleverser la filière viticole suisse. Leur objectif: réduire de manière significative l’empreinte écologique grâce à des bouteilles non jetables.

«Bottle Back» est une initiative issue de viticulteurs et viticultrices du canton de Vaud qui vise à rendre les bouteilles de vin réutilisables. Sur cette photo, on peut voir la plupart d’entre eux (de gauche à droite): Ilona Thétaz, Catherine Cruchon-Griggs, Jean-Daniel Portat, Laura Paccot, Noémie Graff, Lionel Widmer et Vincent Chollet.
En Suisse, le verre est collecté, détruit, fondu et recyclé.
Seulement voilà, le recyclage du verre a malheureusement une empreinte écologique relativement élevée. La bouteille réutilisable serait plus durable.
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«Bottle Back» est une initiative issue de viticulteurs et viticultrices du canton de Vaud qui vise à rendre les bouteilles de vin réutilisables. Sur cette photo, on peut voir la plupart d’entre eux (de gauche à droite): Ilona Thétaz, Catherine Cruchon-Griggs, Jean-Daniel Portat, Laura Paccot, Noémie Graff, Lionel Widmer et Vincent Chollet.

Pontus Wallstén

Dans notre pays, 97% du verre usagé est recyclé. La Suisse est championne du monde du recyclage dans ce secteur. C’est une bonne chose, un exemple à suivre. Tout du moins à première vue. Car, à y regarder d’un peu plus près, on se rend compte que le recyclage du verre n’a malheureusement pas un bilan écologique particulièrement bon. Ce constat a littéralement sauté aux yeux de Catherine Cruchon-Griggs au moment de calculer l’empreinte de son vignoble, le «Domaine Henri Cruchon». Avec deux de ses cousines et sa partenaire, elle a en effet récemment repris l’entreprise familiale, dont elle représente la troisième génération.

Catherine Cruchon-Griggs, pourquoi avez-vous décidé de calculer l’empreinte écologique du «Domaine Henri Cruchon»?

Notre domaine viticole est déjà certifié bio et Demeter depuis la génération de notre père. Une viticulture durable nous tient à cœur. Nous voulions voir où nous pouvions nous améliorer et avons dû nous rendre à l’évidence: les bouteilles de vin représentent entre 30 et 40% de nos émissions.

C’est effectivement un pourcentage élevé…

C’est pourquoi nous avons décidé de chercher des alternatives. Et la meilleure option est de recourir à la bouteille réutilisable. Si nous lavions et réutilisions les bouteilles au lieu de les détruire et de les recycler, nous pourrions diminuer de 85% les émissions des bouteilles, car le lavage consomme beaucoup moins d’énergie.

Le système de bouteilles réutilisables existe de longue date.

En fait, les bouteilles de vin étaient jadis utilisées plusieurs fois. Certaines pratiques développées à l’époque étaient effectivement meilleures, tout du moins en ce qui concerne le bilan CO2. Il existe déjà des bouteilles de vin réutilisables d’un litre et de 0,5 litre, mais nous voulons rendre réutilisable la bouteille classique de 0,75 litre.

Est-ce vraiment faisable?

C’est ce que nous essayons de découvrir. Avec sept autres vignobles vaudois, nous avons lancé «Bottle Back». Nous sommes actuellement dans une phase pilote de deux ans, afin de voir comment nous pouvons introduire les bouteilles de vin réutilisables en Suisse. Mais nous sommes confiants: notre pays se prête très bien à une initiative comme celle-ci.

Pourquoi?

Tout d’abord, la Suisse est un petit pays où les distances sont réduites. Il est donc plus facile d’organiser la logistique nécessaire. Deuxièmement, les vins suisses sont rarement exportés, ce qui fait que les bouteilles restent dans le pays. Et, troisièmement, les Helvètes sont les champions du monde du recyclage, ce qui prouve que le sujet leur tient à cœur.

Que se passe-t-il durant la phase pilote?

Ces deux années doivent nous permettre d’optimiser tous les aspects de la logistique – du retour des bouteilles au nettoyage industriel – et de tester la viabilité économique du projet. Cela nous laisse également le temps de développer des normes pour les étiquettes et les adhésifs qui conviennent au processus de réutilisation. Au total, nous mettrons 80'000 bouteilles en circulation durant la phase pilote.

Qui vous soutient dans votre projet?

Nous travaillons en étroite collaboration avec Changins, la Haute école de viticulture et d’œnologie du canton de Vaud, afin d’analyser l’hygiène et la stabilité des bouteilles dans le processus de lavage. Nous coopérons également avec l’École polytechnique de Montréal, dans l’optique d’étudier le cycle de vie de la bouteille lavée par rapport à celle jetable. En outre, le canton de Vaud nous soutient financièrement.

Vous avez donc l’intention d’introduire le «Bottle Back» dans toute la Suisse?

C’est en tout cas l’objectif suprême.

Huit domaines viticoles impliqués

Le Domaine Henri Cruchon, le Domaine la Colombe, le Domaine la Satyre, la Cave du Signal, le Domaine de Marcelin, le Domaine Porta, le Domaine Mermetus et le Château d’Eclépens. Ces huit domaines viticoles, tous situés dans le canton de Vaud, se sont associés dans le cadre du projet «Bottle Back». Le groupe est à la recherche d’autres domaines viticoles qui souhaiteraient se joindre au projet pilote.

Amèneriez-vous vos bouteilles de vin à un point de collecte pour qu’elles soient réutilisées?

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