GenèveProjet pour ôter une voie aux autos sur un pont central
Ville et Canton envisagent de revoir le schéma de circulation sur le pont de la Coulouvrenière. Le tram serait recentré, les voitures perdraient une piste.

Le pont pourrait ne compter plus qu’une voie par sens pour le trafic motorisé individuel.
leo/20minDepuis que le Canton a tracé de larges pistes cyclables dans la ville durant la crise du Covid, certains axes sont au cœur de vives discussions. Parmi eux, le pont de la Coulouvrenière, indispensable pour qui veut relier Plainpalais à la gare Cornavin. Après avoir obtenu l’annulation de sa voie pour les vélos en justice, le Touring Club Suisse (TCS) Genève a soufflé au Canton l’idée de lui adjoindre une passerelle, sur le modèle du projet du pont du Mont-Blanc. Pour appuyer cette suggestion, le TCS a rappelé qu’un crédit d’étude de 370’000 fr. avait été voté au Conseil municipal en 2016. La délibération demandait aux autorités de se pencher sur un éventuel élargissement de l’ouvrage.
Le tram prévu au centre
Contacté, le Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM) de la Ville de Genève précise que «des études de faisabilité ont débuté en 2021 en partenariat avec le Canton», qui les a financées. Elles ont permis de fixer des orientations. Ainsi, elles semblent exclure un élargissement, mais prévoient une «réorganisation des circulations»: les voies de tram seraient déplacées au centre du pont. Par ailleurs, «une réduction du nombre de voies affectées au trafic individuel motorisé en cohérence avec les objectifs de la loi sur la mobilité cohérente et équilibrée (LMCE)» est prévue (lire encadré).
L’étude d’avant-projet qui suivra devrait démarrer fin 2022. Problématique pour Yves Gerber, directeur du TCS Genève, qui dénonce «une étude orientée plutôt que de se laisser la possibilité de créer à partir d’une feuille blanche». Selon lui, invoquer la loi sur la mobilité «a bon dos pour éliminer des voies de circulation motorisée». Le responsable se veut ambitieux: «On invoque toujours les villes du Nord quand il s’agit de montrer des exemples de mobilité douce réussie, en oubliant qu’elles ont investi dans des infrastructures.»
En phase avec Cornavin?
Le discours est tout autre du côté des défenseurs de la mobilité douce. Thibault Schneeberger, coordinateur romand d’actif-trafiC, «salue la volonté des autorités de laisser moins d’espace au trafic motorisé». Il estime nécessaire de faire circuler les trams et les cycles en site propre. «Édifier une passerelle n’a aucun sens, tonne le coordinateur. Cela ne signifie pas donner de la place aux piétons, mais gaspiller des millions pour préserver celle des voitures, en dépit des objectifs de baisse du trafic.»
Le réaménagement du pont de la Coulouvrenière, et plus largement de l’axe place du Cirque–Terreaux-du-Temple, dont l’avant-projet est prévu entre l’automne 2022 et l’été 2023, se fera vraisemblablement en parallèle de celui du pôle autour de la gare Cornavin. Ce dernier, qui doit démarrer dès 2024, prévoit notamment de déplacer des lignes de tram et de revoir en profondeur le trafic motorisé autour de la gare.