En Suisse, «nous ne sommes pas préparés» à un conflit armé

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Protection civileEn Suisse, «nous ne sommes pas préparés» à un conflit armé

Le pays ne serait pas en mesure de faire face à une guerre, selon les cadres de la Protection civile. L'office fédéral compétent, en crise, minimise les faits.

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Archives/Photo d'illustration.

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20min/François Melillo

Au Département fédéral de la défense, Martin Pfister devra relever de nombreux défis, note la «NZZ am Sonntag». Dont un chantier d’envergure qui n’a pas encore été évoqué depuis son élection: celui de la protection de la population.

Selon les recherches du journal alémanique, en cas de conflit armé, la protection de la population civile suisse ne fonctionnerait pas comme il se doit. «Nous n’y sommes pas préparés», dit Patrik Reiniger, vice-président de la Conférence des responsables cantonaux des affaires militaires, de la protection de la population et de la protection civile (CRMPC). Le plus grand besoin de rattrapage selon lui: l'alarme et la communication à la population. «Aujourd'hui, nous n'atteindrions même plus une grande partie de la population.»

Exercice malheureusement révélateur

Ces lacunes, en particulier en matière de coordination entre Confédération et cantons, ont été révélées lors d’un exercice réalisé en 2024, simulant une fuite de radioactivité nécessitant l’évacuation à large échelle de la population. Des critiques que la directrice de l'Office fédéral de la protection de la population, Michaela Schärer (contestée à l’interne, selon un sondage de l’an dernier), dit connaître. Mais elle considère la protection de la population en meilleure posture que les représentants des cantons. Elle admet que l'analyse des capacités montre certaines lacunes, «mais nous avons de très nombreux éléments qui fonctionnent bien et sur lesquels nous pouvons nous appuyer».

Hanspeter von Flüe, directeur expérimenté de l'Office de la protection de la population du canton de Berne, voit la situation autrement: «Il est difficile de collaborer avec un office quand les interlocuteurs changent sans cesse et que de nombreux postes restent vacants. La protection de la population est aujourd'hui mal organisée au niveau fédéral», ce qui se ressent au niveau des cantons, selon lui.

Projets à la traîne

Berne et les cantons investissent beaucoup d'argent dans la PC: le Conseil fédéral veut consacrer 220 millions de francs à la modernisation des abris. Et la protection de la population doit se doter d'un réseau de transmission de données sécurisé, projet en cours depuis bien des années, «et non sans problème, comme pratiquement tous les grands projets informatiques du DDPS», note le journal dominical. Ainsi, les cantons auraient tous dû être raccordés à ce réseau fin 2024. Or, à ce jour, seuls treize d’entre eux le sont.

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