Zurich – Quand les profs doivent postuler auprès des élèves

Et si les élèves pouvaient choisir leurs profs? Deux établissements scolaires zurichois permettent aux adolescents de donner leur avis au moment de recruter de nouveaux enseignants, rapporte dimanche la «NZZ am Sonntag». Depuis quelques mois, l’école secondaire de Neftenbach permet à ses élèves de mener l’entretien d’embauche des nouveaux professeurs. Ils peuvent ensuite livrer leurs impressions à la directrice, Sandra Buchmann, qui assiste également aux entretiens sans pour autant intervenir. Le même modèle a été introduit il y a quelque temps déjà à l’école secondaire de Wädenswil.

Dans les deux établissements, le fonctionnement est le même: la direction fait une première sélection parmi les candidats en se basant sur les dossiers des postulants. Les élèves n’ont pas accès à ces dossiers, mais ils sont autorisés à mener les entretiens d’embauche. Ces entretiens sont observés par la direction sans qu’elle ne s’y mêle. La décision finale revient à la direction. «Nous voulons que les jeunes se rendent compte du fait qu’ils jouent un rôle important au sein du système scolaire», explique Sandra Buchmann, interrogée par le dominical.

De nos jours, de nombreux établissements accordent aux enfants et aux adolescents un certain droit de regard, note Enikö Zala-Mezö, directrice du centre de développement scolaire à la Haute Ecole pédagogique de Zurich. Ainsi, explique-t-elle, il n’est pas rare que les jeunes puissent donner leur avis lorsqu’il s’agit de réaménager la cour d’école ou d’organiser un événement. Et selon elle, le droit de regard des jeunes s’étend de plus en plus. «Il faut du courage et de la créativité pour laisser les enfants et les ados prendre des décisions. Mais ça en vaut la peine», estime-t-elle.

Thomas Minder, président de l'association des directeurs d'établissements scolaires de Suisse, estime qu’il s’agit d’une «superbe idée». «De cette manière, les enfants et les adolescents gagnent en importance.» Pour lui, il est cependant essentiel que la décision finale revienne à la direction et non aux élèves. Mais que se passe-t-il si les élèves et la direction ne sont pas du même avis? Paolo Castelli, directeur de l’école de Wädenswil, assure: «Il n’y a encore jamais eu de différences d’appréciation fondamentales.»