Que va-t-il se passer dans les prochains jours à la ZAD du Mormont ?

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VaudQue va-t-il se passer dans les prochains jours à la ZAD du Mormont ?

Les activistes présents sur la «zone à défendre» depuis cinq mois s’attendent à être expulsés. Dans ce climat tendu, les soutiens de sympathisants se multiplient. L’espoir de discussions avec le Canton est vif.

L’intervention des forces de l’ordre sur la colline du Mormont est proche.

L’intervention des forces de l’ordre sur la colline du Mormont est proche.

rmf

Les militants écologistes présents depuis cinq mois sur la ZAD de la colline du Mormont s’attendent à être expulsés «entre fin mars et début avril», a déclaré vendredi une zadiste. Le collectif qui se bat pour protéger un écosystème menacé de destruction par le cimentier Holcim, avait fait recours contre la décision de la commune de La Sarraz (VD) de révoquer le permis d’habiter dans la maison occupée. Fin février, le retrait du permis a été confirmé par la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal. Deuxième décision en leur défaveur : leur recours contre une autre plainte déposée, elle, par Holcim à propos de la violation de la propriété de la Birette, n’a pas abouti.

Climat tendu

L’ambiance est tendue ces jours sur la colline qui surplombe Eclépens et la Sarraz. «La présence policière et la répression augmentent aux alentours de la «zone à défendre». Cela met une pression sur les activistes», partage l’une de ceux-ci, présente sur les lieux. Une barrière a été installée par les forces de l’ordre à la hauteur du cimetière. Celle-ci bloque les apports en eau, notamment. L’écologiste affirme que la situation est pour l’instant «gérable, même si ça nous complique la vie.» Allant et venant, ils sont parfois plusieurs dizaines d’activistes sur le site.

En octobre dernier, la ZAD (zone à défendre) est apparue sur la colline du Mormont, où le cimentier Holcim projette d’étendre sa carrière déjà existante. Nous avions rencontré les militants à ce moment-là.

Vidéo: Pauline Rumpf

Alors que l’évacuation est proche, la mobilisation des sympathisants se renforce. Cette semaine, 130 députés vaudois de tous bords ont affiché leur soutien aux zadistes du Mormont. Reconnaissant la légitimité citoyenne de la démarche, ces élus demandent aux autorités vaudoises de ne pas procéder à leur évacuation avant d’avoir rencontré les zadistes et de proposer des solutions constructives, écologiques et démocratiques. Une manifestation publique de soutien aux zadistes est aussi prévue samedi à Lausanne.

Œil pour œil, dent pour dent

«Notre réaction dépendra de celle des forces de l’ordre qui viennent en face, annonce la zadiste. Les moyens qui seront utilisés sont actuellement discutés au sein du collectif.» Œil pour œil, dent pour dent. L’Association Les-Orchidées-du-Mormont, qui a apporté un cadre légal à la défense de la ZAD, prône quant à elle «une politique de non-violence». Cependant, le comité, présidé par le Prix Nobel de chimie Jacques Dubochet, craint que le contraire ne se produise le jour fatidique. «Nous sommes inquiets que certains ne rejettent pas la possibilité d’une confrontation avec la police qui pourrait devenir violente», a-t-il confié lors d’une conférence de presse vendredi.

Du côté du Canton, Béatrice Métraux dit plaider «pour un départ du site dans le calme, dans la non-violence et sur une base volontaire». La cheffe du Département de l'environnement et de la sécurité «a proposé des démarches de dialogue aux zadistes» et a ajouté être «en contact avec Holcim».

«Pas vivable»

Quel que soit le dénouement, les efforts des activistes n’auront pas été vains, estime l’association de défense juridique de la ZAD. Autre membre du comité, Dominique Bourg, professeur à l’UNIL et spécialiste des questions écologiques, considère «qu’ils auront au moins attiré l’attention sur une façon de faire qui n’est pas vivable.» L’association martèle que la montée de la température s’accélère comme se dégrade la biodiversité.

Dans l’attente

À ce jour, le Tribunal fédéral doit encore se prononcer sur l’opposition déposée par l’Association pour la Sauvegarde du Mormont à l’extension de la carrière Holcim sur le plateau de la Birette. Le comité rappelle que, de toutes façons, une telle expansion ne pourrait se faire tout de suite, le terrain étant un site archéologique d’importance européenne. Des fouilles d’une durée estimée à deux ans devront être réalisées avant que l’espace soit livré à sa destruction.

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