RabatUn piratage massif divulgue les salaires des Marocains
La Sécurité sociale a vu fuiter les données de quelque 2 millions d’assurés. Un scandale auquel l’Algérie voisine ne serait pas étrangère.

Des banques et administrations ont été touchées.
IMAGO/Pond5 Images«On connaissait les pistonnés et les pantouflards, maintenant, on découvre ce qu’ils valent», résume un employé de banque au quotidien français «Le Monde». Depuis une semaine, le Maroc est ébranlé par une affaire de hacking peu commune, ne serait-ce que par son ampleur. Les fiches de salaire de quelque 2 millions d’affiliés à la Sécurité sociale ont fuité sur une chaîne Telegram, révélant les écarts de salaire vertigineux dans des centaines de milliers d’entreprises, le tout dans un pays où le revenu moyen ne dépasse pas les 380 euros par mois. La fuite touche jusqu’au Palais. Le salaire de Mounir Majidi, très controversé secrétaire du roi Mohammed VI, et dirigeant de la holding royale Siger, a été dévoilé: 120’000 euros par mois.
«Bienvenue en enfer, où tout le monde sait combien gagne son voisin!»
Le piratage a semé un vent de panique dans les services des ressources humaines, mais il a aussi soulevé des craintes d’ordre sécuritaire. Les noms d’employés marocains du bureau diplomatique israélien à Rabat ont été divulgués, donnant lieu à des menaces. Et d’autres données pourraient avoir été compromises, comme celles relatives à la santé des assurés.
«Catastrophe numérique»
Ce que le magazine «Tel Quel» qualifie de «catastrophe numérique» n’est pas tout à fait une surprise pour les observateurs. En 2020, les médias marocains avaient déjà pointé du doigt des failles béantes dans le système informatique du système national de Sécurité sociale. Cette dernière avait pourtant assuré avoir comblé la brèche.
L’attaque, qui remonte à fin 2024, selon le site LeDesk, serait le fait d’un collectif algérien. Alger et Rabat se livrent une guerre larvée depuis des décennies autour du Sahara occidental, vaste territoire revendiqué par le Maroc et dont l’Algérie soutient les forces indépendantistes.