RDCKinshasa recrute des volontaires face à l'avancée du M23
Après avoir pris Goma, le groupe armé appuyé par l'armée rwandaise continue à progresser vers Bukavu, où des volontaires s'engagent pour combattre.
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Les volontaires font la file à Bukavu pour s'engager et aider l'armée congolaise en difficulté.
AFPAprès avoir conquis Goma dans l’est de la RDC, le groupe armé antigouvernemental M23 et l’armée rwandaise progressent dans la province voisine vers la ville de Bukavu où des volontaires ont commencé vendredi à s’enregistrer pour combattre aux côtés de l’armée congolaise en difficulté. Goma, capitale de la province du Nord-Kivu coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, est tombée ces derniers jours après une offensive éclair de quelques semaines, lancée suite à l’échec d’une tentative angolaise de médiation entre la RDC et le Rwanda.
Depuis, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans la province voisine du Sud-Kivu vers la localité de Kavumu, qui abrite un aéroport militaire stratégique et où l’armée congolaise a établi sa principale ligne de défense, à 40 kilomètres au nord de la grande ville de Bukavu et son million d’habitants. L’ONU s’est dite jeudi «très inquiète» sur la situation dans le Sud-Kivu, «qui reste très volatile, avec des informations crédibles de l’avancée rapide du M23 vers la ville de Bukavu», selon Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
«Nous sommes à Goma pour y rester» et «nous allons continuer la marche de libération jusqu’à Kinshasa», avait déclaré auparavant un cadre du M23 lors d’une conférence de presse à Goma. Face à l’aggravation de la situation, le président congolais Félix Tshisekedi a assuré mercredi qu’une «riposte vigoureuse» était en cours. Vendredi, des files de volontaires venus s’enregistrer pour aller au front ont commencé à se former dans le stade de Bukavu. La veille, le ministre provincial de l’Intérieur avait appelé les jeunes à s’enrôler.
Sécuriser la ville
À Goma, des combats sporadiques se poursuivent dans la périphérie nord, mais l’eau courante et l’électricité sont revenues dans plusieurs quartiers. À côté d’une église au toit crevé par un obus et des boutiques pillées aux portes détruites par des rafales d’armes automatiques, une femme rencontrée par l’AFP, qui ne souhaite pas donner son nom, clame son soutien au M23 et dit espérer qu’ils sécurisent rapidement la ville. Elle file à l’arrivée d’un pick-up du M23, craignant d’être vue avec la presse.
Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, selon les hôpitaux. Ils ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l’ONU, plus de 500'000 personnes ont été déplacées depuis début janvier. L’offensive éclair sur Goma, cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés, a suscité de nombreux appels internationaux (ONU, États-Unis, Chine, UE, Angola, France...) à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises.
La Belgique a demandé à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre le Rwanda. Londres a menacé jeudi «d’un réexamen de toute l’aide britannique au Rwanda». M. Tshisekedi a, lui, condamné «le silence» et «l’inaction» de la communauté internationale face à «la barbarie du régime de Kigali», mettant en garde contre «une escalade aux conséquences imprévisibles» dans la région des Grands Lacs.