RetraitesVers une baisse drastique des avantages fiscaux du 3e pilier
La Confédération cherche des recettes supplémentaires. L'impôt pour toucher son capital vieillesse à la retraite pourrait doubler, voire quadrupler.

La grande argentière Karin Keller-Sutter veut supprimer les avantages fiscaux liés au 3e pilier.
Lucia Hunziker/ TamediaKarin Keller-Sutter l'avait annoncé en septembre dernier: le Conseil fédéral cherche des recettes supplémentaires pour la Confédération et il veut s'en prendre à ceux qui retirent leur 2e ou 3e pilier sous forme de capital. Parmi d'autres mesures, il prévoit de réduire drastiquement les avantages fiscaux lors de ces versements, rappelle dimanche la «SonntagsZeitung».
La classe moyenne et les hauts revenus seront durement touchés, prévient le journal, qui a obtenu les détails de ce que mijote concrètement Berne. En résumé: l'impôt fédéral pourrait doubler pour les revenus moyens et carrément quadrupler pour ceux qui gagnent très bien leur vie.
Plus de deux fois plus d'impôts
Le point le plus important de la réforme est que l'impôt sur les retraits de capitaux dépendrait non seulement du montant du capital vieillesse mais aussi, et c'est la nouveauté, des revenus. Ainsi, un Suisse qui gagne 140'000 francs par an et qui veut toucher un capital de 350'000 francs à sa retraite, paie actuellement 6580 francs d'impôt. À l'avenir, la douloureuse pourrait s'élever à 17'800 francs. Et pour quelqu'un qui gagne 250'000 francs et qui veut retirer lui aussi ses 350'000 francs, il faudra payer 29'000 francs au lieu de 6850! Sans parler des impôts cantonaux.
La réforme ferait en revanche des gagnants chez les bas revenus. Une personne gagnant 60'000 francs et qui se fait verser un capital de 250'000 francs à la retraite paie aujourd'hui 3940 francs. À l'avenir, elle ne débourserait plus que 3650 francs.
Selon la «SonntagsZeitung», le Conseil fédéral souhaite générer ainsi près de 250 millions de francs de recettes supplémentaires par an.
«Atteinte à la bonne foi», selon la droite
Le projet de réforme divise déjà. Si les Suisses ont jusqu'ici cotisé au 3e pilier, c'est précisément parce qu'on leur promettait des baisses d'impôts, estime la droite. «Ceux-là se sentiront trompés», estime le conseiller national Andri Silberschmidt (PLR/ZH). «Ce serait une atteinte à la bonne foi», abonde le sénateur Erich Ettlin (C/OW). Au PS, on salue en revanche la «suppression de cet instrument d'économie d'impôts pour les riches». Du côté des experts, on estime que la réforme poussera les Suisses à se détourner du 3e pilier, car il ne sera plus intéressant fiscalement. Un paradoxe, alors qu'un récent sondage révélait que la prévoyance individuelle jouissait de la plus grande confiance des 18-30 ans.