Le potentiel retour du nucléaire, un sujet explosif à Berne

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Rösti vs AmherdLe potentiel retour du nucléaire, un sujet explosif à Berne

Le contre-projet du Conseil fédéral à l'initiative qui propose de relancer cette technologie a causé des tensions, comme le montrent des documents internes. Des experts tentent de calmer le jeu, en vain.

Le potentiel retour du nucléaire en Suisse cause d'intenses confrontations sur la scène politique.

Le potentiel retour du nucléaire en Suisse cause d'intenses confrontations sur la scène politique.

AFP

L'initiative «Stop Black-out» a rouvert la boîte de pandore: depuis que l'idée de relancer le nucléaire a été remise sur la table officiellement, la tension est montée d'un cran. Au sein du Conseil fédéral, elle a récemment causé une forte scission, rapporte Blick.ch. Placée dans un rapport de forces défavorable, aux côtés de la gauche face au bloc des deux UDC Albert Rösti et Guy Parmelin ainsi que les deux PLR Ignazio Cassis et Karin Keller-Sutter, la Centriste Viola Amherd a récemment tapé du poing sur la table.

Alors qu'elle soutenait en vain le rejet de l'initiative sans contre-projet par le Conseil fédéral, le département de la ministre de la Défense a décrit la proposition d'Albert Rösti comme «pas mûre» et ne présentant «la situation complexe que de manière très unilatérale», notamment sur les possibilités de production en énergie renouvelable. Selon les documents obtenus par Blick.ch, le socialiste Beat Jans a ajouté que le contre-projet donnait «un mauvais signal et suscite de faux espoirs: comme il n'est pas réaliste de construire à temps une nouvelle centrale nucléaire, freiner le développement des énergies renouvelables est d'autant plus fatal». Sa collègue de parti Elisabeth Baume-Schneider, elle, a notamment souligné les risques en cas de conflit ou d'attentat terroriste.

Dans tous les cas, ce sera finalement aux électeurs de trancher. Et ce, après un débat qui s'annonce effectivement explosif.

Des critères pour définir la nécessité des centrales

Pensant apaiser les tensions, l'association professionnelle Swisscleantech a proposé une liste de critères pour définir si une nouvelle centrale, nucléaire ou d'une autre technologie, vaut la peine d'être construite, ou si une centrale existante peut être prolongée, rapporte le «Tages-Anzeiger». Y figurent l'efficacité économique, les risques environnementaux et la sécurité opérationnelle notamment.

Le hic? Certains trouvent ces critères trop restrictifs, car les centrales nucléaires de troisième génération par exemple ne parviendraient pas à les remplir. «Swisscleantech a délibérément fixé ces critères de manière à ce qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne puisse être construite», réagit Christian Wasserfallen, conseiller national PLR. D'autres relèvent qu'aucune technologie n'est actuellement rentable, bien que les critères l'exigent. Pour l'association, toutefois, il ne s'agit que d'une base de discussion.

(rmf)

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